Depuis l'apparition du Covid-19 , les tunnels de désinfection ont fait leur apparition également. Des solutions prises dans la précipitation qui interpellent aujourd'hui en raison de la composante de ces désinfectants souvent décriés par les professionnels de la santé, notamment les toxicologues puisqu'ils ne respectent pas les règles de l'antiseptoguide élaboré en 2006. Les tunnels de désinfection, placés aux entrées de plusieurs établissements de santé, institutions et grandes surfaces depuis l'apparition du Covid-19 sont désormais interdits d'utilisation par décision du ministère de la Santé et de la Population. Une note datant du 7 juin a été envoyée aux Directions de la santé de wilaya (DSP), aux établissements de santé publique, aux CHU et aux walis, demandant le retrait de ces tunnels de désinfection suite à la recommandation du Conseil scientifique relevant du ministère de la Santé et de la Population. Selon le toxicologue Belmahi Mohamed Habib, chef de service de toxicologie au CHU de Constantine, « ces tunnels doivent obéir aux règles et aux conditions du guide de désinfectant, l'antiseptoguide élaboré en 2006 par le CHU de Rouen et qui constitue une référence dans la fabrication de tunnels de désinfection ». Ce référentiel compte plusieurs conditions qui doivent être requises énumérées par le scientifique, à savoir : « Il faut que le produit utilisé ait un large spectre d'action antibactérien et antivirus, il faut qu'il soit plutôt bactérien que bactériostatique, agit rapidement, ait une action locale sans effet systémique ». Selon les explications du toxicologue, le produit répandu par ces couloirs « ne doit être ni irritant, ni toxique ni sensibilisant, sans effet nuisible sur l'environnement et sans effet également sur les matières organiques ». Cependant, et selon la note communiquée par la Direction de prévention du ministère de la Santé, « ces tunnels, dont le fonctionnement est basé sur l'aspersion de produits désinfectants qui sont toxiques et extrêmement irritants pour la peau et les muqueuses, peuvent être à l'origine de bronchospasmes dus à l'inhalation et également d'effets gastro-intestinaux tels que diarrhée et vomissements ». Le Pr Belmahi a expliqué que la composante de produits aspergés par ces couloirs n'est pas tout à fait conforme. « Les produits qui sont généralement utilisés sont chimiques et sont à base d'aldéhydes et alcool (dénaturant de protéines), de phénols et de la chlorhexidine qui est un produit toxique », a-t-il précisé avant d'ajouter : « Nous avons aussi trouvé des composants comme le chlore, l'ozone et le peroxyde qui possède une action oxydante. » À noter que l'ozone 3 est une molécule composée de 3 atomes d'oxygène liés entre eux « c'est un composé très oxydant, c'est-à-dire que cette molécule va réagir avec tout : métaux, matière organique, virus, bactéries, etc. », indique-t-on et même si l'eau ozonée est effectivement microbicide, cela dépendra de sa teneur en ozone, selon les explications du spécialiste. Donc au vu de ces éléments, on peut conclure que les « les produits utilisés ne sont pas valables et certains peuvent être cancérigènes par production de radicaux libres », a conclu le toxicologue qui préconise que des études plus approfondies en laboratoire doivent être menées quant à la toxicité des bains de vapeur sur la santé des êtres humains. Ilhem Tir