Acculé de toutes parts depuis quelques semaines, le président de la FAF, Kheireddine Zetchi a choisi la Radio nationale pour répondre à ses détracteurs, ceux notamment qui voient dans les nouveaux textes des statuts de la fédération comme une velléité de l'ex-patron du PAC de s'éterniser à la présidence de l'instance fédérale. Invité hier de l'émission «Football magazine» de la Chaîne 3, M. Zetchi a, d'emblée, précisé les rapports entretenus par sa structure avec le ministère de tutelle. «La FAF n'entrera jamais en conflit avec le MJS. C'est dans l'intérêt du football que nous devons travailler en harmonie», a-t-il répondu, estimant que ceux qui véhiculent ce genre de messages ne sont pas si désintéressés que ça. «Si jamais j'étais ce président qui voulait des statuts taillés sur mesure pour demeurer à son poste j'aurais tout entrepris pour les renouveler. Nous sommes pour la représentation de tous les corps qui font du football ce qu'il est. Les arbitres, les médecins, joueurs et les entraîneurs, etc. n'ont pas de représentation, d'une association ou d'un syndicat. C'est, en outre, une obligation de la Fifa. Quant à nous, nous voulons réparer une injustice qui a longtemps privé ces catégories de leurs droits de faire partie de l'AG», assure Zetchi, qui a balayé d'un trait le «malentendu» soulevé au sujet des joueurs encore en vie de la glorieuse équipe du FLN. «Les 8 membres encore en vie de l'équipe du FLN sont individuellement représentés au sein de l'AG, c'est-à-dire qu'ils le seront tant qu'ils sont de ce monde», affirme le président de la FAF, qui fait de la théorie élaborée par Locke et Montesquieu un point cardinal de son projet de refonte desdits statuts. «Nous militons pour la séparation des pouvoirs : le pouvoir législatif doit appartenir à l'AG et le pouvoir exécutif reviendra au BF. Actuellement, nous assistons à une confusion dans les prérogatives. C'est une séparation de fond que nous recherchons», indique-t-il. M. Zetchi évoquera, par ailleurs, quelques points essentiels que l'actuelle constitution du football national a négligés. « Notre objectif est d'offrir de l'indépendance aux commissions juridictionnelles. Les personnes qui faisaient partie de ces structures étaient mises sur pied par le pouvoir exécutif de la fédération. Désormais, avec la promulgation des nouveaux textes, elles seront élues afin de travailler dans la sérénité et la transparence», affirme le boss de la FAF, qui annoncera une autre nouveauté dans les textes que l'AG adoptera ou rejettera à l'occasion d'une AG extraordinaire à tenir après l'AG élective. «Le nouveau texte va faire bénéficier le candidat à la présidence de pouvoir coopter un maximum de 5 personnes externes dans sa liste, et ce, pour donner une plus-value (expert en finances, marketing, etc.) à la gouvernance de la fédération», révèle-t-il, s'étonnant que «les gens se soient focalisés sur l'amendement de l'âge fixé à 70 ans (pour le président de la FAF), alors que tout le monde s'évertue à dire que l'Algérie est un peuple de jeunes». Pour Zetchi qui annonce aussi que les nouveaux statuts sont chez le ministre de la Jeunesse et des Sports pour étude et approbation, «limiter les mandats à 3 devrait ouvrir la voie à l'alternance. On aurait aimé limiter cette périodicité à deux mandats, mais comme c'est une instruction de la Fifa nous y avons adhéré. Dans l'esprit du législateur, le principe est d'élire des membres actifs, ce qui n'est pas le cas des anciens présidents». Le président de la FAF, qui avait annoncé depuis voilà un an qu'il ne postulera pas pour un second mandat, expliquera que le projet sera présenté devant l'AG à l'occasion d'une AG extraordinaire à tenir après l'élection d'un nouveau président. «Le projet de refonte des statuts sera présenté après l'AG élective, une fois examiné par le MJS, le bureau fédéral va le vulgariser, et c'est à l'AGex d'adopter ou pas, les nouveaux textes. Le département de la conformité de la Fifa, qui espérait recevoir les nouvelles copies à fin 2020, a décidé de décaler cette opération à cause du coronavirus. Ce qui nous donne le temps de mieux comprendre les changements proposés», fait savoir le président de la FAF. Le sujet de la reprise de l'activité footballistique a été également abordé durant l'émission. Le président de la fédération dira à ce sujet que son instance est «pour la reprise du jeu. Si nous ne reprenons pas à la fin de la saison 2019-2020, il va falloir programmer la reprise de l'exercice suivant. C'est pour vous dire que nous nous sommes inscrits dans la voie de la reprise. Aujourd'hui, le contexte est complexe et nous n'avons pas de visibilité, mais nous restons disposés à débattre de l'opportunité de reprendre avec tout le monde», avoue Zetchi, qui précise que même si les clubs s'y opposent «il y va aussi de la responsabilité de la fédération et des ligues de faire en sorte que la reprise soit. Il va falloir faire admettre aux clubs de respecter le protocole. Nous discutons avec tout le monde. Je suis partisan pour la reprise du jeu». Evoquant les aides promises par la Fifa à ces associations membres Zetchi a précisé qu'il s'agit d'une promesse du président de la Fifa mais que le Comex n'a encore pas validée. «Aucune aide n'a été fournie aux associations, le comité exécutif de la Fifa n'a encore rien décidé. Quand on recevra l'argent de la Fifa, nous allons le dispatcher sur les clubs affiliés à nos ligues», annonce-t-il avant de boucler son intervention par le projet présenté par la FAF au MJS, consistant à assainir une bonne fois pour toutes la situation des clubs professionnels que la DGCF a accablés dans son audit. «Nous sommes en train de préparer un projet qui aura pour but de sortir les clubs de leur crise, la base de l'audit de la DGCF. Les dettes (fiscales et parafiscales) sont énormes et si l'on venait à leur appliquer la loi, les clubs risquent la disparition». L'animateur a posé une dernière question relative à l'affaire de l'enregistrement sonore à laquelle M. Zetchi a répondu sans ambages. «L'affaire est entre les mains de la justice. Nous avons dénoncé toutes les formes de dérives. Laissons la justice faire son travail. Après, nos juridictions se prononceront sur l'aspect sportif», a-t-il dit en substance.