L'implication de médecins dans la promotion de produits parapharmaceutiques à travers des campagnes publicitaires sur des chaînes de télévision a soulevé l'indignation du corps médical. Dénonçant ces pratiques, le Conseil national de l'Ordre des médecins algériens et le Syndicat national des praticiens de la santé publique appellent l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav) à mettre fin à ces dérives. Depuis quelques mois, les publicités sur les compléments alimentaires et autres produits parapharmaceutiques pullulent sur les nombreuses chaînes de télévision. La plupart de ces campagnes publicitaires sont souvent appuyées par un avis favorable de praticiens de la santé, que n'autorisent ni la déontologie ni l'éthique médicales. Des pratiques qui ont d'ailleurs suscité la colère du corps médical. Le Conseil national de l'Ordre des médecins algériens est justement le premier à les dénoncer. Son président, le Dr Mohamed Bekkat Berkani, affirme qu'il est illégal qu'un médecin fasse de la publicité pour un médicament ou un produit parapharmaceutique. «Ces pratiques sont contraires à la loi. Selon le code de déontologie, un médecin n'a pas le droit de faire la promotion d'un produit ou d'un autre. Par conséquent, l'implication de tous ces médecins, si ce sont des médecins, pose la question de l'application de la loi et nul n'est censé ignorer la loi», dit-il. Il appelle ainsi l'Autorité de régulation de l'audiovisuel à intervenir pour «mettre fin à ce genre de dérives». Le Dr Mohamed Bekkat Berkani précise, par ailleurs, que les produits parapharmaceutiques peuvent à la rigueur faire l'objet de promotion mais qu'il faudrait agir au cas par cas. Il cite l'exemple du carbone dont les publicités tournent en boucle actuellement sur de nombreuses chaînes. «Le carbone qui enlève soi-disant les flatulences est une idée ancienne du traitement qui était utilisé comme médicament au nom de Carbophos. Il a été finalement abandonné parce qu'il a plus d'inconvénients que d'avantages. Outre l'avantage de déflatulence qui est tout à fait inexact et faux, ce produit a des propriétés cancérigènes», explique-t-il. Selon lui, la promotion des produits parapharmaceutiques ne peut se faire sans une autorisation médicale de la part de l'Ordre des médecins. «Ces produits ne doivent pas avoir d'effets secondaires graves ni porter atteinte à la santé de l'individu», note-t-il. Le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), le Dr Lyes Merabet, rappelle, pour sa part, que l'implication de médecins dans la campagne de promotion de produits parapharmaceutiques est interdite, d'où l'obligation de sévir contre ces pratiques. «Le code de déontologie médicale régit les relations entre les professionnels et la relation médecin-malade, et spécifie clairement qu'il est strictement interdit de promouvoir et de faire la publicité de produits pharmaceutiques ou à usage pharmaceutique en dehors des protocoles thérapeutiques et des protocoles d'exploitation qui sont mis en place par des consensus scientifiques reconnus par le collectif médical. Il est également interdit d'être l'objet indirect de la promotion pour la vente de médicaments et de produits dérivés», précise-t-il. Le Dr Merabet estime qu'aller jusqu'à faire des publicités sur des chaînes de télévision ou sur d'autres supports est carrément aberrant. «C'est encore plus grave lorsque nous mettons en exergue la qualité du médecin, dentiste ou pharmacien par rapport à un produit qui n'est pas dans le registre des produits parapharmaceutiques», dit-il encore. Pour lui, cela est un manque de respect à la profession et à la corporation et porte atteinte à l'image collective des praticiens de la santé publics ou privés. «Nous sommes tenus au respect des conditions énoncées dans le code médical qui structure, organise et ordonne toutes nos actions», ajoute-t-il. Ry. N.