Le Conseil national de l'éthique et de la déontologie médicale ne compte pas baisser les bras face à une affaire qui a «porté atteinte à l'honneur et à la dignité de la corporation, avec la complicité d'une chaîne de télévision arabophone». L'affaire du complément alimentaire RHB prétendant traiter le diabète, une parfaite escroquerie, est loin d'être close. Des concertations entre organisations professionnelles de médecins et pharmaciens sont en cours pour décider des suites à donner à cette scabreuse histoire qui a atteint des dimensions alarmantes. Le Conseil national de l'éthique et de la déontologie médicale ne compte pas baisser les bras face à une affaire qui «a porté atteinte à l'honneur et à la dignité de la corporation, avec la complicité d'une chaîne de télévision arabophone Echorouk, connue pour la propagation de fausses informations», relève le Dr Mohamed Bekkat-Berkani, président du conseil national de l'Ordre des médecins, qui a été malmené et assailli par le parti pris de la journaliste censée animer l'émission et le débat avec impartialité. Une conférence de presse sera donc organisée dans les prochains jours pour «dire toute la vérité autour de ce complément alimentaire qui a bénéficié d'une campagne médiatique et d'une publicité mensongères. Je suis pressé par toute la corporation et les sociétés savantes à donner des précisions à l'opinion publique à propos de cette affaire», poursuit le Dr Bekkat-Berkani, qui estime qu'«il s'est passé quelque chose de très grave et il faut en tirer les leçons pour que cela ne se répète plus. Le monsieur mis en cause a usé de faux et usage de faux sur sa profession et l'exercice illégal de la pharmacie en mettant en danger la santé des Algériens avec un produit non autorisé. Des poursuites judiciaires s'imposent», a-t-il ajouté. Les poursuites judiciaires concerneront également la chaîne de télévision Echorouk pour «diffamation» d'autant qu'«aucune excuse privée ou publique n'a émané des responsables de cette chaîne suite à ce qui s'est passé lors de l'émission déplorable transmise en direct et ses conséquences», a-t-il regretté. Le président de l'Ordre des pharmaciens, Lotfi Benbahmed, qui avait déjà déclaré que l'Ordre qu'il dirige se constituera partie civile dans cette affaire, n'écarte pas l'idée d'engager des poursuites judiciaires à l'encontre de Toufik Zeibet. «Des discussions sont actuellement menées avec des hommes de loi afin de trouver, selon la réglementation en vigueur, les dispositions à prendre», précise M. Benbahmed, qui dénonce la complicité des médias pour la publicité faite à ce produit. «Il est justement temps de mettre fin à ces pratiques, car ce n'est pas la première fois que des chaînes de télévision font la promotion d'herboristes et de charlatans. Il faut que cela cesse», a-t-il souligné. Du côté du ministère de la Santé, c'est le stand-by. Interrogé sur les suites à donner à cette affaire, le directeur de la communication, Slim Belkessam, affirme que, pour le moment, le produit, qui n'est qu'un complément alimentaire, est interdit à la vente et «nous sommes en attente des résultats des examens engagés par le ministère du Commerce». «Ce n'est qu'une fois l'ensemble des résultats obtenus que les deux ministères pourront prendre des décisions vis-à-vis de M. Zeibet et du devenir du produit», a-t-il précisé, tout en rappelant que l'expertise est toujours en cours. En outre, M. Belkessam a affirmé que le ministère saisira officiellement l'Autorité de régulation de l'audiovisuel pour les dépassements enregistrés en matière de promotion de produits de santé, de traitements, d'herboristerie, pour tracer un cadre éthique auquel devront se conformer l'ensemble des médias. Un groupe de travail du ministère de la Santé et du ministère du Commerce est à pied d'œuvre, en attendant la promulgation de la loi sanitaire pour mieux encadrer les compléments alimentaires et l'herboristerie. Par ailleurs, rappelons que le groupe Saidal a apporté, le 15 décembre, un démenti catégorique concernant les informations selon lesquelles le concepteur du complément alimentaire Rahmat Rabi, Toufik Zeibat, a développé son produit avec le groupe pharmaceutique public. «Le groupe Saidal tient à informer qu'il n'entretient aucune relation ni de près ni de loin avec l'intéressé et que son produit n'a fait l'objet d'aucune collaboration avec le groupe Saidal pour le développement ou la production», affirme Saidal dans un communiqué en assurant que «l'inventeur» de Rahmat Rabi «n'a jamais figuré dans les effectifs de l'entreprise». Toufik Zeibat avait contacté Saidal en 2004 pour réaliser une étude sur son produit «qu'il prétendait être efficace pour le traitement du psoriasis».