Les choses se sont accélérées pour plusieurs détenus du Hirak, ce week-end, à la veille de la Fête de l'indépendance. Pas moins de 10 détenus ont, en effet, retrouvé la liberté entre mercredi et jeudi soir. Karim Aimeur – Alger (Le Soir)- Jeudi après-midi, une foule importante s'est constituée devant la prison de Koléa (Tipaza) pour attendre la sortie de Karim Tabbou, le détenu le plus acclamé par le mouvement populaire. Le matin, la Cour d'Alger a prononcé sa décision par rapport à la demande de la défense du détenu, relative à sa mise en liberté provisoire. La demande a été acceptée et Karim Tabbou, qui a déjà passé près de neuf mois dans cette prison, retrouvera sa liberté dans l'après-midi. Dans sa toute première déclaration à la presse, le porte-parole de l'UDS, entouré de ses parents, a rendu hommage à tous les Algériens qui l'ont soutenu durant la dure épreuve qu'il a passée. Condamné dans un premier temps par le tribunal de Sidi-M'hamed à un an de prison dont six mois fermes et six mois en sursis, Karim Tabbou, poursuivi pour «atteinte à l'unité nationale» et «atteinte au moral de l'armée», verra sa peine alourdie par la même Cour lors d'un procès en appel qualifié de «scandaleux» par ses avocats. En cette veille du 5 juillet, fête de l'indépendance, Karim Tabbou n'est pas le seul détenu à avoir quitté la prison de Koléa. Samir ben Larbi et Amira Bouraoui ont eux également quitté cette maison d'arrêt pour retrouver leurs familles, au grand soulagement des militants et organisations de défense des droits de l'Homme. L'autre activiste ayant quitté la prison est Slimane Hamitouche qui était incarcéré à El-Harrach. Ces trois détenus poursuivis pour plusieurs chefs d'inculpation ont bénéficié de la liberté provisoire, en attendant la tenue de leur procès. La libération de ces détenus, du moins de Karim Tabbou et de Samir Benlarbi, était attendue depuis début juin dernier, lorsque Soufiane Djillali, président du parti Jil Jadid, avait annoncé sa rencontre avec le chef de l'Etat qui avait accepté la libération des deux détenus. La veille, soit mercredi soir, six autres détenus dont Malik Riahi, ont été libérés après avoir bénéficié de la grâce présidentielle. En réaction à cette vague de libération de détenus, plusieurs activistes ont rappelé le caractère «arbitraire» de leur détention, appelant à réparer l'injustice dont ils étaient victimes et à leur réhabilitation. Les appels se sont multipliés en même temps pour la libération des autres détenus du Hirak, dont le journaliste Khaled Drareni, arrêté en plein exercice de son travail et détenu à la prison de Koléa. Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD) a recensé plus de 70 détenus du Hirak qui sont encore en prison. Dans un communiqué, jeudi matin, en réaction à l'annonce de la libération de Karim Tabbou, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH) a appelé à la libération de l'ensemble des détenus du Hirak et de la levée des poursuites judiciaires contre ceux qui sont encore en attente de jugement ou en liberté provisoire. «Un grand soulagement. Le pays en a tellement besoin pour aborder les solutions à la crise dans la sérénité», a lancé l'organisation qui, à l'occasion de la fête de l'indépendance, le 5 juillet, dit «encourager le pouvoir à entreprendre d'autres gestes d'ouverture pour une solution politique globale, démocratique et à la hauteur des espoirs suscités par le peuple algérien à travers son Hirak pacifique». Pour sa part, le président du RCD, Mohcine Bellabas, a soutenu «seuls, un acquittement suivi d'une réhabilitation de tous les détenus politiques et d'opinions sans distinction aucune et la cessation des arrestations pourront constituer un signal d'une prise de conscience des dirigeants sur le fait que la répression, les atteintes aux libertés ou la violence ne sont jamais venues à bout de la détermination du peuple à vivre dans une Algérie libre et démocratique». K. A. Appel à la libération de Khaled Drareni Parmi les détenus, au nombre de 73, selon le CNLD, toujours en prison, figure le journaliste Khaled Drareni incarcéré à la prison de Koléa à Tipasa. A l'annonce jeudi de la libération de quelques détenus, qui ont bénéficié de la libération provisoire en attendant leur procès, plusieurs journalistes ont dénoncé le maintien en détention abusive de leur confrère arrêté en plein exercice de sa fonction. Il couvrait, en effet, une manifestation populaire lors de son arrestation, le 7 mars dernier à Alger. Placé dans un premier temps sous contrôle judiciaire, le journaliste sera mis sous mandat de dépôt le 27 mars. Les appels à sa libération et à mettre fin à l'injustice qui le frappe se sont multipliés jeudi et hier vendredi. K. A.