Le communiqué de la présidence de la République précise que cela concerne, pour l'instant, les détenus "condamnés définitivement". Mais des sources médiatiques indiquent que cela pourrait concerner d'autres détenus du hirak. À quelques jours de la célébration de la Fête de l'indépendance, Abdelmadjid Tebboune a signé un décret présidentiel portant grâce présidentielle pour au moins 6 détenus du hirak. Il s'agit de Chedad Djelloul, Allal Cherif Nacreddine, Behlal Elyes, Malik Riyahi, Daoud-Amrane Djilali et de Khader Hocine. Le communiqué de la présidence de la République précise que cela concerne, pour l'instant, les détenus "condamnés définitivement".Mais des sources médiatiques indiquent que cela pourrait concerner d'autres détenus du hirak, notamment les plus emblématiques d'entre eux. Ces sources évoquent treize personnalités parmi lesquelles Karim Tabbou, Amira Bouraoui, Samir Belarbi et d'autres. Cette annonce intervient quelques heures seulement après que des informations aient circulé sur la programmation surprise, aujourd'hui, du procès en appel de Amira Bouraoui et de la demande de libération provisoire pour Karim Tabbou, Samir Belarbi et Khaled Drareni. Concernant Amira Bouraoui, l'alerte a été donnée par des avocats et des activistes du Comité national pour la libération des détenus (CNLD). Condamnée la semaine dernière à une année de prison ferme, la militante et ses avocats ont fait appel. Contrairement aux usages, le procès en appel a été programmé pour aujourd'hui, jeudi. "C'est d'une célérité inhabituelle", avoue Me Fetta Sadat, qui a rendue publique l'information. La nouvelle a fait le tour des rédactions. Mostefa Bouchachi, un membre du collectif d'avocats de la militante, que nous avons contacté, a confirmé l'information. "La décision a été prise hier. Cela a été très rapide", a-t-il confié, un tantinet surpris. Mais fait surprenant, d'autres avocats de la détenue ne sont même pas informés. C'est le cas de Zoubida Assoul et de Aouicha Bakhti, qui étaient, elles, dans des différents tribunaux au moment de la diffusion de l'information. C'est une preuve supplémentaire que la décision a été prise au courant de la journée d'hier. Et "très rapidement". "Cela rappelle le 2 janvier dernier" lorsque les autorités avaient libéré subitement plus de 70 détenus, rappellent Fetta Sadat et Saïd Salhi, un membre actif du CNLD. Le sentiment de l'existence d'une décision politique derrière la programmation de ce procès est renforcé par une autre information de taille : en plus de la programmation de la séance de la chambre des litiges de la cour d'Alger dans le dossier portant contestation de l'arrêt de la cour d'Alger concernant Karim Tabbou, l'examen de la demande de libération provisoire de l'homme politique, laissée en suspens depuis plusieurs mois, a été soudainement dépoussiérée. Elle sera examinée, aujourd'hui, par la chambre d'accusation de la cour de Tipasa. Des informations ont également circulé sur une éventuelle programmation des demandes de libération provisoire pour Khaled Drareni, Samir Belarbi et Samir Hamitouche (les trois sont poursuivis dans un seul et même dossier). Mais au moment où nous mettons sous presse, aucune partie officielle n'a été en mesure de confirmer ou d'infirmer ces informations qui rappellent le climat qui a précédé la libération en masse de détenus d'opinion en janvier dernier. Cela passe au moment où un militant, Abderahmane Amraoui, condamné mardi à Djelfa à une année de prison ferme, a été libéré hier. "A leur surprise, les avocats ont été informés, dans la journée, de la nécessité d'introduire une demande de liberté provisoire. C'est ce qu'ils ont fait. Le détenu a été libéré durant la journée" d'hier, a indiqué Fetta Sadat. Son procès en appel a été programmé pour le 8 juillet, annonce la CLTD. Ces informations donnent aux avocats, que nous avons contactés, hier, le sentiment qu'une décision politique serait prise dans le cadre des "mesures d'apaisement" réclamées par des acteurs politiques. Malgré cela, certains préfèrent rester prudents surtout que certains activistes ont été condamnés à des peines d'emprisonnement. C'est le cas de Chawki Younsi condamné hier à une année de prison ferme par le tribunal de Médéa, avec mandat de dépôt à l'audience.