Le square Port-Saïd d'Alger-centre, plaque tournante du marché noir de la devise connaît ses pires moment en pareille période de l'année. Et pour cause, le marché noir de la devise perd une grande partie de sa clientèle. Suite à la récente déclaration du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors de son entrevue sur France 24, concernant la décision de maintien de la fermeture des frontières pour une durée indéterminée, mais aussi en raison de l'augmentation des nouvelles contaminations au coronavirus de la semaine écoulée. Abdelhalim Benyellès – Alger (Le Soir) - C'est le constat relevé, hier lundi, sur la place la plus importante de change de devises au marché noir qui présente un décor inhabituel : celui d'un square déserté par les acheteurs et vendeurs. L'activité est au point mort et «le marché de l'achat-revente de la monnaie étrangère est frappé de plein fouet depuis l'enclenchement de la propagation de la pandémie de Covid-19», en témoigne les quelques cambistes rencontrés sur la place. «L'activité sur la place y est presque paralysée depuis la suspension des liaisons avec les pays étrangers», rappelle Omar, un cambiste au fait de l'évolution du change informel des devises de la place de Port-Saïd. «Il n'y a ni achat ni revente depuis presque quatre mois», ajoute son compère adossé à un mur. Les cambistes, habituellement aux abords de la chaussée, billets de banque à la main, qui tentent d'intercepter les automobilistes dans le but d'entreprendre des affaires, ne sont plus perceptibles. «Je ne viens que rarement au square Port-Saïd», lâche, non sans amertume, Saïd, un habitué au commerce de change de la devise. C'est ce qui explique clairement, lundi, sur la place que le cours de l'euro continue à enregistrer une chute libre, alors que le dollar n'est plus demandé, recueille-t-on. Cette baisse drastique de la monnaie étrangère est traduite par la suspension des voyages touristiques vers la Turquie, l'Europe et la Tunisie en période estivale, mais aussi suite à l'annonce de l'annulation du pèlerinage à la Mecque pour crainte de l'aggravation de la pandémie de coronavirus. Il faut bien dire qu'en pareille période de l'année, 1 euro devrait s'échanger contre 220 DA ou bien plus. Paradoxalement, cette année, et au vu de la conjoncture sanitaire, la monnaie étrangère a enclenché sa descente aux enfers depuis le mois de février, une période dont raffole les cambistes, car elle est celle des bonnes affaires avec une clientèle habituelle composée d'importateurs qui réservent généralement des quantités importantes d'euro mais aussi de dollar américain. En réalité, en quelques jours, l'euro est passé pour la première fois depuis quelques semaines sous la barre des 190 DA pour un 1 euro. Cette baisse a été enregistrée au courant du mois de juin mais aussi dès le début juillet, mais après, un rebond a été constaté la semaine dernière sur le marché de la devise. La monnaie européenne chute encore une fois et est fixée, aujourd'hui, à 19 000 DA pour 100 euros, tandis que le dollar maintient sa valeur de 17 100 DA pour 100 dollars. Les cambistes redoutent une chute drastique dans les jours à venir suite aux dernières nouvelles de la conjoncture sanitaire en Algérie et à la fermeture indéterminée des frontières. Dans ce cas, d'aucuns n'écartent le maintien des principales devises à leur plus bas niveau, d'autant plus si l'on ajoute à cela le report du retour probable au pays de la communauté algérienne établie à l'étranger, connue pour être la principale source qui alimente le marché noir de la monnaie étrangère en pareille saison. A. B.