Depuis une semaine, la monnaie européenne enregistre une baisse sensible sur le marché noir. L'euro était coté, ces derniers jours, à 170 DA pour un euro contre 190 en février dernier, soit une baisse de 20 DA, selon des échos recueillis à la « bourse » du square Port-Saïd, à Alger. Quelques cambistes clandestins ont exprimé leur joie après la baisse de la valeur de l'euro. Le lieu, connu pour être le secteur de prédilection de ces cambistes, est en pleine effervescence à l'annonce de la dégringolade de la monnaie européenne. Une baisse qui arrange les détenteurs de billets, selon un jeune qui explique que « lorsque l'euro baisse, la demande augmente au même titre que le taux appliqué ». Il reste à indiquer que ces derniers jours, l'euro a connu une dévaluation de l'ordre de 20 dinars, soit 0,2%. Un des cambistes qui écument le square Port-Saïd a indiqué que « le marché parallèle est conditionné par la demande mais également par les exportations illégales de devises vers l'étranger ». Il nous apprend que le taux du marché parallèle arrange les cambistes, car la clientèle est formée d'affairistes et de commerçants du « cabas » qui achètent l'euro quel que soit le cours. « Ils viennent acquérir entre 200 et 300 euros supplémentaires nécessaires à leur voyage », indique un jeune. Par ailleurs, quelques connaisseurs font savoir que le change s'effectue uniquement pour les petites sommes. « Le marché informel de la devise est aussi sensible aux fluctuations du marché officiel qu'à la spéculation », a fait remarquer un cambiste. Les « courtiers » décrètent ainsi une sorte d'embargo sur la vente de la devise pour éviter l'effondrement du marché. « L'euro a perdu de sa valeur en l'espace de cinq jours. Le dollar, moins demandé, se maintient. Cette chute de la valeur de l'euro n'est pas due au principe de l'offre et la demande, car l'euro ainsi que le dollar sont disponibles en abondance sur le marché. Il s'agit plutôt des conséquences d'une bulle spéculative passagère », nous dira le même cambiste. Les revendeurs attendent donc que cesse cette frénésie spéculative qui tire le taux de change vers le bas. Selon eux, arrêter momentanément la vente de grosses sommes en euro vise à maintenir le taux de change à son niveau actuel.