L'arrivée des fêtes religieuses devient une source d'inquiétudes pour les autorités sanitaires qui craignent le non-respect des gestes barrières et de la distanciation sociale par certains citoyens. Alors que le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs avait affirmé que le rituel du sacrifice était maintenu cette année, le collectif des professeurs en sciences médicales a lancé un appel « aux plus hautes autorités du pays pour prendre toutes les mesures qu'impose la situation de crise sanitaire actuelle, en décrétant l'abstention pour tous, de procéder au sacrifice du mouton et de faire de ces deux jours de l'Aïd-el-Adha, un grand moment de recueillement et de solidarité nationale ». Les représentants du collectif se sont réunis le mercredi 15 juillet 2020 pour apporter leur contribution, prenant en compte l'aggravation de la situation née de la pandémie de coronavirus, l'augmentation quotidienne du nombre de cas positifs et des prises de position inquiétantes constatées vis-à-vis du sacrifice du mouton. Pour eux, «la pandémie connaît actuellement une très forte hausse des contaminations et des décès qui va en s'aggravant depuis les relâchements du Ramadhan, de l'Aïd-el-Fitr et du déconfinement peut-être trop précipité ». Et d'ajouter : « Ce qui nous impose à tous, aujourd'hui, le respect le plus strict des mesures barrières, notamment de distanciation physique, car quels que soient les conseils que l'on pourrait prodiguer, l'achat du mouton dans des marchés collectifs, son transport à plusieurs, son sacrifice et sa consommation sont toutes des occasions qui vont favoriser les fortes affluences et regroupements qui vont exacerber la situation pandémique.» Relevant au passage que les Algériens ont accepté depuis 5 mois déjà, plusieurs sacrifices comme la fermeture temporaire des mosquées pour éviter le risque de contamination et de propagation du virus durant les prières collectives. «Nous pensons qu'après tous ces sacrifices, ce n'est pas le moment de baisser les bras. Car le risque d'aggravation de la propagation du virus est trop grand dans ce contexte de crise sanitaire ravageuse ». Les hautes autorités du pays sont ainsi interpellées pour décréter l'abstention de procéder au sacrifice du mouton, car pour le collectif, «cette importante décision nous évitera une aggravation certaine de cette ravageuse pandémie ». Tout en rappelant qu'une telle mesure avait été déjà prise dans l'intérêt général en 1966 lorsque « les autorités algériennes avaient, pour la sauvegarde du cheptel, annulé le sacrifice de l'Aïd-el-Adha. Peut-on faire moins pour la survie de notre population ? », s'est interrogé le collectif des professeurs en sciences médicales qui invite les citoyens à faire de cette journée de l'Aïd « un moment fort de recueillement pour nous incliner devant la mémoire de toutes les victimes de cette pandémie et rendre hommage au sacrifice de notre personnel soignant, tombé sur le champ de bataille d'une guerre dont on ne voit pas la fin.. ». Ilhem Tir