Les préjudices de la crise sanitaire sur l'économie étaient prévisibles. Ils sont désormais chiffrés. Le ministre des Finances a donné dans le détail les pertes subies par les grandes entreprises nationales, à l'instar de Naftal, Sonatrach, Sonelgaz , la SNTF et Air Algérie. La pandémie, assure le Premier ministre, s'est greffée sur une crise « structurelle » héritée des gouvernements précédents. Plusieurs propositions sont d'ores et déjà faites pour soutenir les secteurs d'activité les plus impactés. Elles seront examinées le 26 juillet prochain à l'occasion d'un Conseil des ministres. Nawal Imés - Alger (Le Soir) - L'Algérie fait face à la plus « grave crise sanitaire » que le pays ait connue depuis l'indépendance. C'est le Premier ministre qui l'affirmait, hier, ajoutant que cette dernière est venue se greffer sur une «crise structurelle» héritée des gouvernements précédents, et une drastique chute des prix du pétrole. Résultat : un impact important sur l'économie nationale. C'est le ministre des Finances qui s'est chargé de faire un premier bilan chiffré à l'occasion de la tenue, hier, de la réunion visant la mise en place d'une commission de sauvegarde chargée d'évaluer les incidences de la pandémie sur l'économie. Aymen Benabderrahmane dira à titre d'exemple que les pertes subies par la Sonelgaz s'élèvent à 6,5 milliards DA, ceux de la Sonatrach à 247 milliards DA, ceux de Naftal à 20 milliards DA, de Tassili Airlines à 595 millions DA alors qu'Air Algérie, qui a dû annuler 4 357 vols depuis le mois de mars, déplore des pertes de l'ordre de 16 milliards DA. La situation de la SNTF n'est guère meilleure : après cinq mois de crise, l'entreprise pourrait être incapable d'assurer les salaires. Pas d'évaluation chiffrée par contre en ce qui concerne d'autres secteurs mais le Premier ministre avertit : l'évaluation doit se faire en toute « objectivité » sans « complaisance » et sans « surenchères ». Il ne s'agit pas, selon Djerad, de tenter de saisir l'opportunité pour profiter de l'argent public ou d'indus avantages. Il s'agit, dit-il, de bien orienter la dépense pour mieux se préparer à l'après-Covid 19 et à la prochaine bataille : celle du redressement de l'économie nationale. Le Premier ministre identifie les secteurs les plus touchés par les mesures prises pour lutter contre la propagation du coronavirus, il s'agit du commerce, de l'hôtellerie, du bâtiment, et du transport. Des propositions ont d'ores et déjà été formulées pour voler au secours de ces secteurs. Le ministre des Finances évoque celles relatives à la création d'une caisse de soutien aux petites entreprises qui font face à des difficultés, à l'instauration d'une prime de chômage exceptionnelle pour les professions libérales les plus impactées, à la mise en place d'une mensualité forfaitaire de l'ordre de 30 000 DA au profit des chauffeurs de taxi et des transporteurs privés. Il a également été proposé d'octroyer des aides aux entreprises activant dans les domaines stratégiques comme celui du médicament et de soutenir les agences de voyages et les hôtels. Le Premier ministre rassure : il ne se sera fait aucune discrimination entre les entreprises du secteur public et celles du privé. L'urgence, dit-il, est de maintenir les postes d'emploi et les capacités de production nationale, tout en s'engageant à garantir « l'équité totale» dans le soutien aux entreprises et aux travailleurs en difficulté, que ce soit les entreprises publiques ou privées car, estime-t-il, est nécessaire aujourd'hui de faire face à cette situation dans « l'union et la solidarité en vue de préserver les postes d'emploi et de soutenir le secteur économique public et privé». Depuis le début de la pandémie, et en dépit de la crise, un montant de 65,53 milliards DA a été consacré à la lutte contre cette dernière et 3 milliards DA pour rapatrier les Algériens bloqués à l'étranger. À l'issue de cette rencontre qui a regroupé le gouvernement, des représentants d'organisations patronales, d'associations professionnelles, de syndicats et du CNES, les propositions seront soumises au Conseil des ministres qui se tiendra samedi prochain et à l'issue duquel des décisions seront annoncées. N. I.