Alors que certains médecins appellent à l'annulation du sacrifice du mouton de l'Aïd-el-Adha durant la pandémie du Covid-19, d'autres sont plus souples. Ils n'appellent pas à l'interdiction de ce rite mais insistent sur le respect des mesures barrières et la mise en place d'un dispositif de contrôle plus rigoureux. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Le débat autour du sacrifice du mouton de l'Aïd-el-Adha n'est pas encore clos. L'autorisation émanant de la commission de la fatwa pour maintenir l'accomplissement de ce rite n'est pas du goût de tout le monde. Les membres de la Commission scientifique pour le suivi de l'évolution du Covid-19 étaient les premiers à manifester leurs appréhensions, bien avant que le verdict de la commission de la fatwa ne tombe. Ils ont pointé du doigt les conditions de vente des moutons et celles qui règnent d'habitude au moment de sacrifier l'animal. «Nous sommes aux portes d'une catastrophe sanitaire», avait alerté son porte-parole, le Dr Djamel Fourar, qui n'a pas caché sa crainte de voir l'éclosion de foyers épidémiques plus importants après cette fête religieuse. Le collectif des professeurs en sciences médicales a lancé récemment un appel pour «décréter l'abstention pour tous, de procéder au sacrifice du mouton de l'Aïd-el-Adha». Pareil que la Commission scientifique pour le suivi de l'évolution du Covid-19, les professeurs en sciences médicales appréhendent une augmentation exponentielle des cas de contamination au nouveau coronavirus à cause des regroupements des personnes dans les marchés aux bestiaux pour l'acquisition du mouton, lors de son transport, et au moment de son abattage. «Ce sont toutes des occasions qui vont favoriser les regroupements et donc le non-respect de la distanciation physique, ce qui va aggraver la situation pandémique actuelle», expliquent-ils. Le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), Dr Lyes Merabet, est, lui par contre, d'un autre avis. Il estime que le sacrifice du mouton lui-même ne pose pas problème. «Certes, la situation se corse mais ce n'est pas l'abattage du mouton de l'Aïd qui va la compliquer davantage», dit-il. Pour lui, l'inquiétante situation épidémiologique actuelle est la conséquence du non-respect des mesures barrières par les citoyens, de la résistance au port du masque, de la promiscuité dans les marchés et les grandes surfaces, des longues files d'attente et des bousculades devant les bureaux de poste, les agences d'Actel et les bureaux de paiement de Sonelgaz. «Le citoyen a toujours été derrière la situation que nous vivons aujourd'hui. Le constat actuel qui persiste depuis des semaines est dû tout simplement au non-respect des mesures sanitaires à longueur de journée», ajoute-t-il. Le Dr Merabet recommande de reconduire pour les jours de l'Aïd-el-Adha, les mêmes mesures mises en place en mai dernier lors de l'Aïd-el-Fitr. «Il faudrait que tout soit organisé en amont : rappeler le respect de toutes les mesures sanitaires, interdire le déplacement des personnes durant les deux jours de l'Aïd et y proscrire les visites familiales, et pourquoi pas instaurer un couvre-feu comme cela avait été fait pour l'Aïd-el-Fitr», suggère-t-il. Il insiste également sur la mise en place de points de vente du bétail «réglementés» et «contrôlés» et l'organisation du transport du bétail qui «doit être soumis à un contrôle sanitaire et vétérinaire. Les collectivités locales doivent réserver des espaces dédiés à l'opération de l'abattage du mouton, le jour de l'Aïd», recommande-t-il encore. Ry. N.