l'Algérie commémore aujourd'hui le centenaire de la naissance d'un des pères fondateurs de la littérature algérienne d'expression française, Mohammed Dib, qui a œuvré pour affirmer la personnalité et la revendication de liberté de son pays et de son peuple et de faire en sorte que l'Algérie existe dans la littérature des Algériens. Auteur prolifique, il a fait son entrée dans le champ littéraire en publiant coup sur coup La Grande Maison en 1952, L'incendie en 1954 et Le métier à tisser en 1957, une trilogie qui suffira à brosser le tableau de la vie de l'Algérien marginalisé et noyé par la misère et les affres du colonialisme en disant : «Nous avons été quelques-uns à sentir ce besoin de nommer l'Algérie, de la montrer.» Né le 21 juillet 1920 à Tlemcen, Mohammed Dib, qui avait déjà exercé en tant qu'enseignant, comptable, dessinateur ou encore fabricant de tapis, a publié son poème été en 1946, dans la revue suisse Lettres, suivi en 1947 de Véga dans la revue Forge dirigée à Alger par l'écrivain français Emmanuel Roblès. En 1948, lors d'une rencontre organisée par le mouvement de jeunesse et d'éducation populaire à Blida, il fait la connaissance d'Albert Camus, Jean Sénac et Jean Cayrol ; ce dernier va publier ses premiers romans en France. A la sortie de son roman La Grande Maison, il travaille en tant que journaliste à Alger républicain et a pour collègue celui qui deviendra le célèbre auteur de Nedjma, Kateb Yacine. Après le recueil de nouvelles Au café (1955), le roman Un été africain (1959) et les contes pour enfants Baba Ferkane (1959), Mohammed Dib entame un nouveau cycle romanesque avec La danse du roi (1968), Dieu en barbarie (1970) et Le maître de chasse (1973) qui explorent la société algérienne postindépendance. L'auteur gagne encore en notoriété auprès du grand public algérien avec l'adaptation par la télévision de La Grande Maison et de L'incendie en feuilleton intitulé El Hari, réalisé en 1972 par Mustapha Badie. À cette période, Mohammed Dib avait enseigné aux Etats-Unis et se rendait régulièrement en Finlande pour des travaux de traduction d'écrivains finlandais, ce qui donnera également naissance à une «trilogie nordique», publiée à partir de 1989, comprenant Les terrasses d'Orsol, Neiges de marbre et Le sommeil d'Eve. Son œuvre continue de s'enrichir avec des textes pour le théâtre comme Mille hourras pour une gueuse présentée au Festival du théâtre d'Avignon en France, ou le récit poétique L'aube d'Ismaël (1996) adapté récemment sur les planches. Disparu en 2003 à l'âge de 82 ans, Mohammed Dib aura laissé une œuvre considérée comme «la plus importante de la production algérienne en langue française» de l'avis de l'universitaire Naget Khadda. Depuis 2001, l'association culturelle «La grande maison» œuvre, avec le consentement de l'auteur de son vivant, à promouvoir l'œuvre dibienne, à l'organisation d'ateliers d'écriture, de théâtre, de cinéma et de dessin, à rendre accessible un fonds documentaire important et à assurer la relève avec la création du Prix littéraire Mohammed-Dib.