Il y a quatre années, l'écrivain algérien d'expression française, rendit l'âme un certain vendredi 2 mai 2003 à son domicile de la Celle-Saint-Cloud, près de Paris. Il avait 82 ans. L'auteur de la fabuleuse trilogie, La Grande maison était considéré par Aragon qu'il fréquentait, Jean Dejeux et autres …, comme l'un des écrivains algériens les plus précis et les plus modernes. En cette occasion, la fondation éponyme relance durant une semaine, - du 02 au 10 mai prochains ses rendez-vous littéraires, dans la ville qui a vu naître le défunt poète, Tlemcen. Ces activités qu'abritera la Maison de la culture Abdelkader-Alloula, concerneront surtout la relance du prix littéraire Mohamed Dib, attribué une fois tous les deux ans, (2007/2009). Il y a deux années, Mohamed Ali Bouacida, a été lauréat du trophée symbolique, (2004/2006) et en cette circonstance, l'auteur procédera à une vente-dédicace. La première journée de ce rendez-vous mémorable, a été marquée par la présentation de la pièce théâtrale Salle d'attente, dont les personnages étaient tout droit sortis de l'œuvre dibienne. Cette semaine hommage a vu la projection du dernier né de Belkacem Hadjadj, El Manara, un récital poétique, Face à ma vie, une lecture poétique de l'œuvre de Mohamed Dib, des extraits pris dans Ombre gardienne : Feu beau feu, le Cœur insulaire et autres. Sur le plan théâtral, la troupe d'Oran sera présente avec une pièce Appelle-moi comme tu veux, un montage poétique conçu par la troupe de théâtre de l'Astuce et la projection de courts métrages. En marge de cette festivité, une exposition de peinture et de photos sera organisée avec la participation de Kheïreddine Hadj Kacem, Nabil Boudouaïa et Bouchenak Houari, en plus des portes ouvertes sur la bibliothèque Mohamed Dib à l'université. Auteur d'une œuvre colossale, il y en aura qu'une qui lui collera toute sa vie à la peau : Il s'agit de la fabuleuse trilogie, La Grande maison, une œuvre qui sera adaptée sur le petit écran de façon magistrale par le défunt Mustapha Badie. Qui se souvient encore de Lala Aïni, de la Biyouna toute jeune qui y avait fait, par pur hasard, son baptême de feu ? Qui se souvient du petit Omar, cet anti- héros par excellence, aujourd'hui errant dans cet Alger qui l'a rendu fou ? Un téléfilm en noir et blanc qui a fait connaître, un homme et une œuvre tirée de façon extraordinairement réaliste de la misère humaine. Notes biographiques Mohamed Dib est né le 21 juillet 1920 à Tlemcen. Il fait ses études primaires, puis études secondaires au collège de Slane à Tlemcen. Il passe une année au lycée d'Oujda, puis entre à l'École normale d'instituteurs d'Oran, d'où il sortira sans diplôme. Instituteur en 1939-1940 à Zoudj-Beghal, puis comptable dans les bureaux des armées alliées à Oujda, au début des années 40. En 1945, il revient à Tlemcen où il travaille dans la corporation des tisserands. Entre 1950-1951, il fait des reportages divers, des textes engagés et des chroniques sur le théâtre en arabe parlé pour Alger-républicain. En 1959, il part en France et s'installe à Mougins, dans les Alpes-Maritimes. Voyages dans les pays de l'Est et, en 1960, au Maroc. En 1964, il s'installe à Meudon, puis à La CelleSaint-Cloud, près de Paris. Poète, romancier et auteur dramatique, le dernier des écrivains algériens de ce qu'on a appelé la “ génération 52 ” a publié plus de trente ouvrages. Il résidait en France depuis 1959 et n'était plus retourné en Algérie depuis 1983, date à laquelle il s'était rendu à l'enterrement de sa mère. Après la mort de son père en 1931, il commence autour de 1934 à écrire des poèmes mais également à peindre. Sa rencontre avec un instituteur français, Roger Bellissant (qui deviendra son beau-père) le conforte dans la voie de l'écriture. Il publie en 1946 un premier poème dans la revue Les Lettres, publiée à Genève , sous le nom de Diabi. Mohammed Dib lit à cette époque les classiques français, les écrivains américains, les romanciers soviétiques et italiens. Après avoir quitté en 1952 Alger républicain, Mohammed Dib séjourne à nouveau en France alors que paraît aux éditions du Seuil La Grande Maison, premier volet de sa trilogie Algérie, inspirée par sa ville natale, qui décrit l'atmosphère de l'Algérie rurale. Les deux autres volets de la trilogie, L'Incendie et Le Métier à tisser, paraissent en 1954, l'année même du déclenchement de la guerre de Libération, et en 1957. Durant cette période Mohammed Dib est, jusqu'en 1959, employé dans la correspondance et la comptabilité commerciale.Tandis qu'il aborde plus explicitement la guerre d'indépendance dans Un Été africain, Mohammed Dib est expulsé d'Algérie par la police coloniale en raison de ses activités militantes. André Malraux, Albert Camus, Jean Cayrol interviennent pour qu'il puisse s'installer en France. En 1970 Mohammed Dib souhaite s'engager dans une nouvelle trilogie “sur l'Algérie d'aujourd'hui”, dont Dieu en Barbarie et Le Maître de chasse (1973) constituent les deux premiers volets. Parallèlement à son travail de romancier, ses recueils de poèmes, Omneros en 1975, Feu beau feu en 1979, sont des célébrations de l'amour et de l'érotisme. Sa pièce de théâtre Mille hourras pour une gueuse, présentée à Avignon en 1977 et publiée en 1980, met en scène les personnages de La Danse du roi. Mohammed Dib a reçu de nombreux Prix, notamment le prix Fénéon en 1952, le Prix de l'Union des écrivains Algériens en 1966, le Prix de l'Académie de poésie en 1971, le Prix de l'Association des Écrivains de langue française en 1978, le Grand Prix de la Francophonie de l'Académie française en 1994, attribué pour la première fois à un écrivain maghrébin. En 2003 de nombreuses rumeurs faisaient état de la possibilité de l'attribution à Mohammed Dib du prix Nobel de littérature.