Ce n'est pas tant les dangers du coronavirus qui dissuadent les estivants des plaisirs de la grande bleue, mais c'est la présence des services de sécurité au niveau des plages. À certains endroits, c'est l'intervention des forces de sécurité qui a réussi à débarrasser les plages des récalcitrants, ceux qui bravent les interdits et s'exposent aux risques de contamination au coronavirus. Mais ces derniers jours, les choses ont changé : les plages sont bondées de monde. Abdelhalim Benyellès Alger (Le Soir) - Tout au départ, on a assisté au scénario des plages désertes, gardées et surveillées, mais avec le temps, la côte Est d'Alger est devenue de plus en plus animée. Des familles entières s'installent au bord de la mer comme par le passé en pareille saison de l'année ! Si dans les quelques rares plages, la réticence des citoyens les plus avertis est perceptible, par contre, la majorité des plages retrouvent subitement le flux estival habituel. Les pics étant enregistrés les week-ends, au vu du taux d'occupation des parkings automobiles. Et des jeunes gardiens retrouvent vite leur gagne-pain. Et dire qu'au début du mois de juillet, ces endroits étaient presque déserts. À Bordj-el-Kiffan comme à Alger-plage et Aïn-Taya, les estivants investissent les plages même les jours de la semaine. Les parents installés sous les parasols se donnent le plaisir de passer du bon temps, loin des rapports alarmants de la situation sanitaire, alors que les enfants en groupes compacts se jettent à l'eau. Une mère nous fait savoir qu'elle est au fait des instructions sur les mesures de prévention contre la propagation de la pandémie et qu'elle veille au respect de la distanciation sociale. «Le confinement social est insoutenable à la maison et il faut bien échapper au stress du quotidien», poursuit-elle. Son mari, lui, estime qu'«on peut bien s'offrir du bon temps au bord de la mer, mais à condition qu'on se mette en retrait des autres». Mais, les week-ends, avec le déplacements massifs des automobilistes, il n'est plus permis de respecter les gestes barrières, les estivants sont collés les uns aux autres. A Alger-plage, des jeunes attablés sous un parasol adoptent le même raisonnement, et comme tous les récalcitrants rencontrés, ils ont la même réplique : «Nous sommes loin de la foule, alors nous ne risquons pas d'être contaminés.» Ceux-ci sont à quatre ou à cinq collés les uns aux autres, sans le moindre souci de respect des gestes barrières. Parmi les plages visitées sur la côte Est de la capitale, nulle marque de présence de masques de protection. C'est comme si tous ces estivants se sont débarrassés des risques de contamination, chez eux, loin des plages. «Il m'est impossible de porter une bavette sur la plage, tellement il fait très chaud», réplique un sexagénaire qui considère qu'il suffit de prendre ses distances par rapport aux autres pour que tous les risques soient écartés. Ce qui a favorisé cette ambiance estivale au bord de la mer, sur la côte Est d'Alger, c'est la disparition des services de sécurité. Chose qui est accueillie d'ailleurs avec soulagement par la majorité des estivants. «Je ne peux pas rester confiné encore longtemps à la maison, ça devient insupportable», lâche un sexagénaire. Il dit venir chaque jour en fin de journée longer la plage, seul, ce qui le soulage du poids du confinement, mais il dit aussi s'éloigner des informations «alarmantes» qui tournent autour de la progression de la pandémie. Ce que l'on doit retenir pour ce cas précisément, c'est que l'appréhension du danger est présente, mais le comportement individuel et collectif tourne le dos à cette réalité au profit des caprices de l'attrait de la mer. Cependant, l'on peut rencontrer quelques exceptions, des cas qui se conforment à la discipline sanitaire. À Bordj-El-Bahri, un groupe de jeunes regroupés à même le sol, à l'ombre, refusent de rejoindre la plage tant que la pandémie est toujours là. Et ils s'étonnent de la présence massive d'estivants enregistrée ces derniers jours dans les plages environnantes. L'un d'eux nous explique qu'il y a quelques jours seulement, «personne n'osait mettre les pieds dans les plages de peur des gendarmes». Son compagnon nous cite l'exemple de la Pérouse où, au point d'accès à la plage, des voitures de police étaient stationnées depuis plusieurs jours. Et de ce fait, la plage était déserte. Autant dire que le relâchement de l'action de contrôle des plages a favorisé la multiplication des estivants en un temps record, pour une population qui s'adonne aux plaisirs de la mer sans se soucier des mesures de protection contre la propagation de la pandémie du coronavirus. A. B.