Depuis le 19 mars dernier, et en considérant la propagation de la pandémie du Covid-19, le pays a fermé ses frontières. Et pour encore plus de précautions, les citoyens n'ont plus accès aux plages. Devant cet état de fait et le besoin de «se changer» les idées, les Algériens se ruent sur les sites spécialisés pour louer des maisons avec piscine ou cherchent l'air pur des montagnes. Et pourquoi pas, un retour aux sources ! Ne pas céder au désespoir et essayer de trouver son bonheur durant cette période de pandémie en passant de bonnes vacances. C'est ce que s'est dit Meriem, maman de trois enfants, dont l'aîné a réussi son passage de cinquième. Elle explique : «Avec tout le chamboulement que nous avons connu par rapport au corona et la perturbation de l'année scolaire, je voulais, malgré tout, récompenser mon fils qui a eu une bonne moyenne de passage au collège. C'est pour cela que je me suis lancée dans des recherches sur internet pour trouver une maison à louer. Et je voulais que ce soit au bord de la mer, même si nous n'aurons pas accès à la plage.» Son choix s'est porté sur Beni Ksila, dans la wilaya de Béjaïa, qui connaît de plus en plus d'affluence durant ces dernières années. «C'est une grande villa avec plusieurs étages, pas loin de la mer et avec piscine. Pour moi, c'était parfait parce que je me suis entendu avec d'autres mamans pour louer dans la même maison. Nous avons fait en sorte de faire des tests avant notre départ et avons pu passer de bonnes vacances. Pour le prix, c'est normal, c'est en baisse par rapport à l'année dernière», raconte encore cette maman. Comme ces mamans, beaucoup de personnes ont choisi de partir en vacances dès le mois de juillet, en louant des maisons individuelles spacieuses avec bassin. Un propriétaire à Draria se dit plus ou moins ravi de ce contexte : «Il y a des personnes d'Alger qui veulent louer. Vous imaginez ! En plus, la location de vacances en maison individuelle permet de conserver les réflexes de distanciation sociale.» Les recherches des internautes sont bien orientées. Les potentiels clients recherchent déjà des propriétés avec piscine ou jardin pour limiter leurs déplacements. Une sorte d'auto-confinement de vacances, en somme. Des propriétaires, dans leur annonce, mettent en avant le fait de respecter les consignes de sécurité. «En raison du coronavirus, nous prenons des précautions supplémentaires entre chaque séjour en désinfectant les surfaces fréquemment touchées», écrit un résidant à Oran. Même si durant le mois de juillet, les prix étaient plus ou moins abordables, cela n'est plus le cas pour l'après-Aïd el-Adha. «Nous avons repéré une maison confortable, avec piscine et jardin. Au mois de juillet la fourchette oscillait entre 18 000 et 20 000 dinars. Nous avons décidé de louer à partir du 2 août, soit le lendemain des fêtes. Le prix a grimpé pour atteindre les 25 000 dinars la nuitée, sans petit-déjeuner ni service d'accompagnement. Mais, nous n'avons pas le choix. Les enfants en ont assez de rester cloîtrés à la maison. Et nous aussi nous avons besoin d'espace pour au moins une petite durée et oublier un peu le stress de cette foutue maladie », confie Nawel, maman de quatre enfants. Retour aux sources Pour ceux au petit budget mais qui veulent à tout prix profiter, un tant soit peu, des vacances, il y a le système D. Et il se résume au retour aux sources. Le retour aux villages ou la maison des grands-parents. «Au départ, je me suis dit que cela était dangereux pour mes grands-parents. Mais, nous avons sauté le pas et faisons en sorte de garder la distanciation sociale. Nous portons des bavettes tout le temps, y compris à la maison. Nous ne nous embrassons pas. Il n'y a pas d'accolade. Mais, nous profitons quand même d'échanges de souvenirs, de discussions et de petits moments de détente. Je peux dire qu'égoïstement, je suis chouchoutée parce que mes grands-parents me préparent plein de plats traditionnels», confie Mehdi, trentenaire, exerçant en télétravail. Et de poursuivre : «Vive la technologie. J'en avais marre de rester dans mon petit appartement des heures durant seul, en face de mon écran ou de la télévision sans avoir une réelle vie sociale. Et, il était exclu de partir chez mes parents qui vivent également dans un appartement. De cette façon, tout le monde est content. J'espère juste que cette maladie disparaîtra le plus vite possible.» Mehdi n'est pas le seul à avoir choisi cette option. Il y a ceux qui en famille ont repris le chemin du retour vers les anciennes maisons. «Cela fait des années que je ne me suis pas rendu au bled. La maison était fermée et personne ne l'entretenait. C'est un peu rudimentaire mais nous avons fait le pari de profiter de cette situation pour la remettre en état et de bénéficier de ce magnifique paysage et oublier toute l'angoisse que nous vivons depuis la pandémie. Se couper réellement du monde entier», confie Rachid, jeune retraité. Et en riant, il ajoute : «Et, comme parmi mes enfants, il y a ceux qui sont soit étudiants soit au chômage technique, ils peuvent aider à la besogne. Ils n'ont aucune excuse. Ils ne peuvent pas y échapper.» Tourisme de montagne Le tourisme de montagne a repris depuis quelques années et avec ce virus, il fait de plus en plus d'adeptes. «Je pense que c'est la meilleure solution pour le corps et l'esprit. Il nous permet de faire de l'exercice, comme la marche, la concentration, de respirer un air non pollué et surtout oublier le Covid-19. En plus, la distanciation sociale est bien réelle même en petits groupes, puisque on évolue dans des espaces ouverts et immenses. Le seul bémol est le port de la bavette. Cela n'est vraiment pas commode. On essaye de faire avec !», souligne Mohamed, qui, avec son épouse et des amis, a pu traverser plein de sentiers. «Et en plus, nous n'avons pas besoin de désinfecter des surfaces, nous dormons dans nos tentes !» À chacun sa solution pour essayer de garder un bon moral durant cette pandémie et pouvoir se ressourcer ! Sarah Raymouche