En «nette» et «constante» amélioration, selon le ministre de la Santé, la situation épidémiologique continue néanmoins de susciter l'inquiétude. Si la courbe des nouvelles contaminations n'a pas enregistré ces derniers jours de nouveaux records, le nombre des décès dépasse néanmoins la dizaine de personnes quotidiennement. Il faudra attendre plusieurs jours pour conclure à une éventuelle tendance baissière et au moins autant pour mesurer l'impact du peu de respect des mesures barrières durant les jours de l'Aïd. Le corps médical avait prédit le pire. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Pas assez de recul pour trancher en faveur d'une éventuelle tendance à la baisse des contaminations au Covid-19. Le chef de service des maladies infectieuses de l'établissement hospitalier de Boufarik est formel : pour pouvoir juger une courbe, il faut un recul d'au moins une semaine. Le Dr Mohamed Yousfi affirme, en effet, qu'«il faudrait pouvoir avoir un recul d'au moins une semaine en raison de la problématique des résultats qui tardent souvent à être acheminés. Souvent, il faut attendre jusqu'à une semaine, ce qui fait qu'il y a des jours où peu de résultats arrivent puis il y a cumul. Pour pouvoir apprécier la situation, il faut avoir un recul d'au moins une semaine pour savoir si la tendance est réellement à la baisse ou pas ». À quel moment la situation épidémiologique sera-t-elle impactée par le relâchement observé avant et pendant les fêtes de l'Aïd ? Le Dr Yousfi répond : «Il faudra au moins une semaine à dix jours pour connaître le nombre de personnes symptomatiques et connaître l'impact.» Entre-temps, assure-t-il, rien n'a changé, notamment au niveau du service dont il a la charge, y compris durant les deux jours de l'Aïd puisque, dit-il, « le service affiche complet. Nous avons libéré des malades et ré-hospitalisé aussitôt. On est au même taux avec moins de moyens humains puisque nous sommes en train de perdre un par un les infectiologues et les infirmiers. On est amputé sans aucun renfort. Nous l'avons dit au ministre en tant que chef de service et président de syndicat». Le ministre de la Santé semble lui avoir une appréciation autre puisque le Pr Benbouzid, en visite à quelques structures hospitalières, affirmait que «la situation s'est stabilisée et elle est en nette et en constante amélioration. Les hôpitaux ont moins de pression vu la disponibilité des lits». Une situation imputée aux dispositions prises, notamment sur la réduction de la durée d'hospitalisation des patients à cinq jours et la détermination, dans un second cas, des cas nécessitant une plus longue hospitalisation en fonction du degré de gravité et de complexité, en soumettant les cas asymptomatiques à un suivi médical en dehors de l'hôpital. Des mesures qui, dit-il, ont permis d'ouvrir plus de 3 000 lits supplémentaires depuis le début du mois de juin, portant leur nombre total à 13 395 lits. Une amélioration que les professionnels de la santé ne ressentent pourtant pas. Ils continuent de subir la pression tout en craignant le pire après les fêtes de l'Aïd. N. I.