La révision de la loi régissant les mines et l'organisation d'assises nationales du secteur appelées à fournir à terme l'économie nationale en matières premières actuellement importées, tels sont deux parmi les points essentiels de l'action entreprise par les autorités du pays dans ce qui apparaît comme la grande œuvre de valorisation et d'exploitation du patrimoine minier national. Dans un entretien accordé à l'APS par Mohamed Arkab, le ministre des Mines a fait état de la préparation d'une feuille de route qui s'articule autour de plusieurs points aussi essentiels les uns que les autres. Il s'agit du cadre légal régissant l'activité dans le secteur qui consiste en la révision de la loi 14-05, comment développer les gisements majeurs, l'élaboration d'une nouvelle carte géologique nationale des mines, et la formation notamment des jeunes à l'exploitation de l'or que recèle le sous-sol national. Rendre le domaine minier algérien plus attractif passe évidemment par l'adaptation de la loi à la réalité d'aujourd'hui. Il s'agira, en fait, de rendre la loi 14-05 régissant le secteur minier plus «flexible» et capable d'offrir «plus de réactivité» aux investisseurs aussi bien nationaux qu'étrangers. «Un projet de loi est en phase de finalisation pour être présenté au gouvernement afin de permettre au secteur de contribuer à la relance économique et de doter les industries manufacturières en matières premières nécessaires», a confié M. Arkab. Quant aux assises des mines, elles devraient se tenir entre la fin de cette année et le début de la prochaine. L'objectif recherché à travers ce rendez-vous, qui prend déjà les contours d'un moment fondateur de la nouvelle politique du pays pour la valorisation de son immense patrimoine minier, est de permettre aux intervenants dans le secteur de «débattre des questions qui découleront de la large consultation des experts de la stratégie permettant de développer le domaine minier». Le second axe de la feuille de route en préparation est de développer ce que le ministre a appelé «les axes structurants du domaine minier». Un volet qui a déjà fait, selon M. Arkab, que son département a ciblé des gîtes et des gisements «dont le développement imminent est nécessaire, tels que Gar-Djebilet, les gîtes et gisements aurifères du Hoggar, le plomb et le zinc de Oued Amizour dans la wilaya de Béjaïa, le phosphate de Bled-el-Hadba à Tébessa et tout l'Est algérien». De futures places fortes apparemment de l'industrie minière algérienne qui ont fait dire à M. Arkab que ces projets structurants permettront de démarrer rapidement l'activité sur des gîtes et gisements déjà avérés et étudiés. Le troisième point de la démarche initiée concerne la mise à jour des données géologiques pour aboutir à l'élaboration d'une nouvelle carte géologique nationale des mines. Un outil remis à jour qui, sans nul doute, éclairera mieux les potentiels investisseurs tout autant que les responsables en charge du secteur. Puis, il s'agira de préparer une ressource humaine indispensable avec le concours de l'enseignement supérieur, la formation professionnelle et avec les experts algériens d'ici ou établis à l'étranger. Dans son entretien, M. Arkab nous apprend, par ailleurs, que l'Agence nationale des activités minières (Anam) a préparé des cahiers des charges ainsi que des appels d'offres qui, a-t-il assuré, vont permettre rapidement de produire plus de 12 substances minérales en Algérie destinées à l'industrie nationale. A ce titre, 5 projets structurants porteurs de valeur ajoutée sont retenus, et selon les affirmations du ministre des Mines, un échéancier étalé de l'avant fin 2020 au début du premier trimestre 2021 a été tracé pour le lancement de ces grands projets. Il est ainsi attendu que le lancement de l'exploitation artisanale des filons aurifères du Hoggar, de Tamanrasset et d'Illizi constitue le «projet le plus imminent». Cette exploitation «artisanale» de l'or dans le Grand Sud du pays offre la possibilité aux jeunes de se constituer en coopératives ou PME, «soutenus pour leur formation et pour l'acquisition du matériel nécessaire permettant de récupérer les pierres contenant de l'or». Par la suite, l'Etat compte «constituer un comptoir de l'or au niveau duquel l'Enor (Entreprise d'exploitation des mines d'or) pourra extraire le métal précieux et l'évaluer tout en rémunérant les jeunes pour leur apport», a expliqué le ministre tout en faisant état de la préparation, là également, d'un cahier des charges pour l'exploitation industrielle de l'or en impliquant un investisseur avec les capacités et les moyens technologiques permettant d'exploiter ces mines. Pour ce qui a trait à la mine de Gara-Djebilet, il semble cette fois que les études techniques sont quasiment achevées, si l'on doit se fier aux propos de M. Arkab. «L'exploitation de ce projet concerne le tiers du gisement de fer, soit 1,6 milliard de tonnes de capacité. D'ici la fin de cette année, nous seront fixés sur le partenaire», a assuré le ministre qui a réitéré les mêmes propos, au sujet de l'étude, quant au gisement de zinc Oued Amizour tout en précisant que son département s'est attelé désormais à «la vérification et à la recherche d'un partenaire pour lancer les premières structures du projet à partir du premier trimestre 2021». Et puis, il y a le projet qui a fait tellement parler jusqu'à faire craindre qu'il est finalement chimérique : le projet dédié à l'exploitation du phosphate dont regorge l'est du pays avec la participation du ministère de l'Energie, comme le rappelait, il y a quelques semaines, M. Abdelmadjid Attar, le ministre de l'Energie, lorsqu'il évoquait les grands projets que son département aura à piloter en dehors de ceux constituant la «raison d'être» de Sonatrach. Azedine Maktour