Je viens d'apprendre la disparition de mon ancien collègue et ami Salim Lamine. Je suis atterrée. Il a fait partie de la toute première équipe du Soir d'Algérie, il avait une plume digne des grands noms du journalisme professionnel. Il anticipait sur les évènements politiques qui ont marqué cette époque. L'Irak était devenu sa spécialité. Il écrivait tous les jours un article en décortiquant, analysant dans ses moindres détails la situation. Comment l'oublier ? Nous avons fait équipe (avec le photographe de l'époque, qui lui aussi est mort il y a quelques années,) lors de notre première mission à Télagh, Oran, en 1990, pour un reportage sur le saccage d'un hôtel. L'établissement a été brûlé, parce qu'on y avait organisé le réveillon de fin d'année. Nous avons fait du bon travail. La rédaction était fière de nous. À l'époque, on envoyait nos papiers par fax. Et il y a eu bien d'autres missions, avant qu'il ne quitte le journal. Beaucoup ont regretté son départ. C'était une perte pour l'équipe. Salim savait défendre ses opinions, quelles qu'elles soient et avec qui que ce soit. Il maniait les langues française et arabe comme un maître. La rédaction en chef comptait beaucoup sur lui. Lui ne ménageait aucun effort pour être digne de sa confiance. Il lui arrivait de passer la nuit au journal pour peaufiner un papier, et ne pas rater une dernière information. Il faut rappeler que le Soir d'Algérie était une édition du soir, le bouclage se faisait donc très tôt le matin. Salim était un pince-sans-rire. Il apportait beaucoup de gaieté aux réunions de la rédaction que présidait, tous les matins, Maâmar Farah, l'ancien directeur. Des blagues d'un humour très fin, il en avait 10 à la douzaine, que lui seul savait raconter. Il est parti, sans crier gare. Il a rejoint ceux que nous avons perdus, ceux que nous croisions au journal, avec qui nous avions partagé des discussions, des repas, ou des cafés que nous sirotions en face de nos claviers. Nous pleurons, aujourd'hui, Salim. Repose en paix. Naïma Yachir