La corruption et les conflits d'intérêts pointés du doigt par le Premier ministre feront bientôt l'objet de nouveaux textes visant à moraliser la vie politique. L'accès aux postes de responsabilité se fera sur le critère de probité alors que les agents publics seront soumis à une charte devant asseoir clairement des principes évitant toute interférence de l'argent sale. Le Premier ministre veut en finir avec une gouvernance ayant mené à de «graves dérives». Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Une fois de plus, le système de gouvernance est mis en cause. Après le chef de l'Etat, c'est au tour du Premier ministre d'en faire le procès. Abdelaziz Djerad a plaidé jeudi pour une « rupture totale avec l'ancienne gouvernance qui a conduit à de graves et inacceptables dérives ». Il table, pour y arriver, sur une « moralisation » de la vie politique et une lutte à tous les niveaux contre les corrompus qui, dit-il, « existent à différents niveaux dans les institutions et les administrations». Pour en venir à bout, il table sur de «nouveaux mécanismes de prévention et de contrôle à même d'assurer la probité des agents publics et la bonne gestion des deniers publics» à travers de nouveaux textes qui seront prochainement publiés et visant à renouveler «le cadre éthique applicable aux agents publics pour prévenir les conflits d'intérêts». L'accès à des postes de responsabilité sera, quant à lui, tributaire de trois critères: éligibilité, mérite et intégrité grâce à des mécanismes d'évaluation qui seront mis en place. Tout comme l'avait fait la veille Tebboune, Djerad a évoqué les nombreux blocages auxquels fait face le programme du gouvernement.
Seules 10 à 20% des orientations appliquées Chiffres à l'appui, il dira que 10 à 20% seulement des orientations émises par le président de la République lors de la réunion gouvernement-walis de février ont réellement été appliquées, mettant en cause des bureaucrates qui empêchent leur concrétisation. S'il dit comprendre que les collectivités locales puissent être confrontées à des difficultés financières « objectives » ou à des situations exceptionnelles imposées par la situation sanitaire, le Premier ministre insiste, néanmoins, sur l'impératif d'atteindre un taux plus important d'exécution du programme présidentiel avant la fin 2020». Il compte sur la mise en place d'un suivi quotidien des décisions, pour espérer « peut-être » atteindre un taux d'exécution « acceptable » de l'ordre de 60 à 70%. Il est demandé aux collectivités locales une priorisation des projets mais également plus de rigueur dans la gestion en tablant sur la numérisation et la disponibilité des statistiques qui, selon Djerad, est une condition sine qua non pour bâtir une économie aux standards internationaux, loin de toute bureaucratie et grâce à une ressource humaine mieux formée. S'adressant aux walis présents au Palais des Nations, il dira que « désormais, les opérations récurrentes et anormales de renouvellement des trottoirs au titre de réaménagement urbain ne seront plus tolérées, car elles constituent l'une des manifestations du gaspillage. Le moment est venu de rationaliser les dépenses publiques, d'adopter une gestion rigoureuse des affaires de l'Etat et d'éviter toute forme de gaspillage ».
Un protocole sanitaire pour les écoles et les universités Actualité sanitaire oblige, le Premier ministre a évoque la prochaine et imminente rentrée scolaire et universitaire. Pour rassurer parents et famille éducative et universitaire, un protocole sanitaire préventif contre le Covid-19 au niveau de tous les établissements scolaires, universitaires et de formation professionnelle sera mis en place pour assurer la sécurité de tous. Ce même protocole sera observé lors des examens nationaux, à savoir le baccalauréat et le brevet d'enseignement moyen (BEM) qui sont programmés pour le mois de septembre. Le Premier ministre a appelé à une forte mobilisation de tous les acteurs, des moyens humains et matériels pour réussir la prochaine rentrée scolaire qui intervient dans une conjoncture épidémiologique particulière. Djerad en a profité pour annoncer la mise en place prochaine d'un programme national de dynamisation du système sanitaire, soulignant l'impératif renforcement des mesures préventives et du stock national d'équipement de prévention et de réanimation. Le monde du travail impacté par le Covid-19 L'impact de la pandémie sur les travailleurs a également été évoqué par le Premier ministre. Il a dévoilé les résultats d'une enquête menée par le ministère du Travail et ayant concerné un échantillon de 3 666 entreprises, toutes filières d'activité confondues, employant 440 171 travailleurs. Les résultats ont fait ressortir que 0.8% des travailleurs avaient été mis en congé sans solde, 7.5% en régime de travail partiel, 12% sont concernés par une fermeture provisoire de leurs entreprises et 1% par une fermeture définitive. Ces mêmes résultats révèlent que 72% des travailleurs ont bénéficié de congé payé, 75.6% ont vu une baisse de leur activité, contre 44% ayant subi un retard dans le versement des salaires alors que 1.6% se sont retrouvés au chômage technique.
Encore des recommandations De leur côté, les walis et autres responsables locaux ayant pris part aux cinq ateliers prévus à l'occasion de ladite réunion ont soulevé un ensemble d'entraves qui empêchent la mise à exécution des programmes gouvernementaux, mettant souvent en cause des textes qui ne favorisent pas l'initiative. Emettant une série de recommandations, ils ont proposé de déterminer les projets urgents ainsi que leur adaptation à la spécificité de chaque région. Ils ont également plaidé pour l'accélération de l'étude du décret portant création de la nouvelle instance nationale chargée de la gestion des écoles et la levée du gel sur les licences du transport collectif afin de rendre plus accessibles les zones les moins favorisées. Evoquant la gestion de la situation sanitaire, ils ont proposé le classement de la pandémie de Covid-19 catastrophe naturelle et le durcissement des mesures coercitives à l'encontre des contrevenants aux mesures préventives. La rentrée des classes étant proche, les acteurs au niveau local préconisent la création d'un point focal permanent entre les établissements éducatifs et le secteur de la santé pour le renforcement de la santé scolaire, la réduction du nombre d'élèves par classe, la mise en œuvre du système de double vacation pour assurer la distanciation physique et la promotion de l'enseignement à distance dans les universités et les établissements d'enseignement et de formation professionnels. Les feux de forêt ont fait également l'objet de discussions avec pour recommandations l'actualisation du système législatif, la création de cellules de veille, présidées par les walis pour l'ouverture immédiate d'enquêtes sur les incendies d'origine criminelle, le renforcement du contrôle et l'arrêt immédiat des constructions anarchiques dans les forêts ». Une batterie de recommandations similaire aux 130 faites au mois de février et qui étaient restées lettre morte... N. I.