Lors des travaux de la réunion gouvernement - walis, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad a dénoncé « bureaucrates (qui) entravent la mise en œuvre du programme du président de la République et du programme du gouvernement », affirmant que « 10 à 20 % seulement des orientations du président de la République ont été appliquées ». « Il est vrai qu'il y a des problèmes financiers objectifs, une conjoncture sanitaire (coronavirus), et les conditions du passé, mais des bureaucrates entravent l'exécution du programme du président de la République et du programme du gouvernement », a-t-il déclaré lors de l'allocution de clôture prononcée jeudi. Djerad a souligné l'impératif de lutter contre l'argent sale et de moderniser l'administration via la numérisation. Il a exhorté les membres du gouvernement à «mettre en place de nouveaux mécanismes de prévention et de contrôle à même d'assurer la probité des agents publics et la bonne gestion des deniers publics». L'accès aux postes de responsabilité «sera désormais tributaire de l'éligibilité, du mérite et de l'intégrité», a soutenu Djerad, annonçant le «renouvellement du cadre éthique applicable aux agents publics pour prévenir les conflits d'intérêts» dans «les prochains jours». Plan d'urgence de numérisation au niveau local Abdelaziz Djerad a également ordonné la mise en place d'un plan d'urgence de numérisation au niveau local par les walis qui ont jusqu'à la fin de l'année pour le proposer. «Il est inconcevable d'attendre la réalisation de programmes à long terme. Nous devons aller vers des actions urgentes pour rattraper le retard accusé en matière de numérisation de l'administration et de la sphère économique», a affirmé le Premier ministre. Soulignant que les Douanes et Impôts devraient être les secteurs prioritaires de cette entreprise au vu de leur importance dans la lutte contre la corruption. Pour le Premier ministre, «cet objectif ne sera pas facile à atteindre car il s'agit de toucher à de grands intérêts». Dans le domaine des statistiques, le Premier ministre a appelé à la création d'une instance nationale de collecte de l'information statistique pour garantir davantage d'efficacité et permettre la prise de décisions étudiées. La feuille de route dans ce domaine prévoit l'activation du Conseil national des statistiques, la révision du texte règlementaire relatif au système statistique, la mise en œuvre d'un numéro d'identification commun aux instances et entreprises. M. Djerad a ordonné le raccordement urgent des zones industrielles et des exploitations agricoles aux réseaux, notamment électriques, appelant à ce propos à l'accélération des travaux des comités constitués à cet effet suivant un calendrier précis définissant les actions à court, moyen et long termes. Certains opérateurs souffrent du non raccordement de leurs investissements à l'électricité, alors qu'ils ont accompli toutes les procédures administratives avec paiement des redevances pendant des années, a-t-il fait remarquer exhortant les responsables à faire montre de conscience professionnelle. Préparer la rentrée sociale Par ailleurs, les participants à la rencontre gouvernement - walis ont recommandé la création d'un Fonds spécial pour le développement des zones d'ombre et la délégation des directeurs exécutifs de wilayas pour la concrétisation des projets en cas de blocage des assemblées communales élues. Il a été également recommandé la «mise à jour de la cartographie des zones d'ombre, la détermination des projets urgents ainsi que leur adaptation», et la «création d'un mécanisme placé sous l'autorité du wali pour le suivi de la mise en œuvre de ces projets». De même qu'ont été recommandés «l'accélération de l'étude du décret portant création de la nouvelle instance nationale chargée de la gestion des écoles, l'octroi d'une autorisation à la Sonelgaz pour le transfert des centrales de gaz liquéfié des zones raccordés au réseau vers celles qui ne le sont pas et la levée du gel sur les licences du transport collectif afin de renforcer les réseau du transport au niveau des zones d'ombre». Par ailleurs, il a été proposé «le classement de la pandémie Covid-19 catastrophe naturelle et la mise en place d'une feuille de route de déconfinement, outre la mise en place d'un dispositif efficace de dépistage», «le durcissement des mesures coercitives à l'encontre des contrevenants aux mesures préventives et des personnes aux intentions malveillantes». En ce qui concerne la rentrée sociale, il a été proposé «la création d'un point focal permanent entre les établissements éducatifs et le secteur de la santé pour le renforcement de la santé scolaire, la réduction du nombre d'élèves par classe, la mise en œuvre du système de doubles vacations pour assurer la distanciation physique préconisée», ainsi que «la promotion de l'enseignement à distance dans les universités et les établissements d'enseignement et de formation professionnels». Il a également été suggéré de «réviser la liste des bénéficiaires de la prime de solidarité scolaire, la tenue de réunions périodiques entre les autorités locales et la société civile, l'ouverture de canaux de communication permanents avec les représentants des quartiers, les syndicats et les représentants des travailleurs et le renforcement de la couverture sécuritaire dans les quartiers à travers l'opérationnalisation et la modernisation des plans de sécurité et l'association du citoyen au processus de protection des biens». Les participants ont aussi plaidé pour «la mise en place d'une stratégie nationale de lutte contre la criminalité s'appuyant sur une base de données unifiée, la création d'un observatoire pour suivre la criminalité et la violence sociale, l'intensification des actions anticipatives pour lutter contre la propagande et la modernisation des méthodes d'intervention et de prévention des accidents de la route». Zones d'ombre: près de 12.000 projets pour plus de 200 milliards de dinars La rencontre a également permis de prendre connaissance des chiffres relatifs au développement des zones d'ombres. Selon un rapport présenté en atelier, « quelque 11.815 projets de développement ont été inscrits, les six derniers mois, au profit des zones d'ombre, avec une enveloppe de 207 milliards de dinars». Ces projets de développement concernent «9.502 zones d'ombre avec une incidence sur plus de 8,4 millions de citoyens». Aussi, «le nombre total des opérations achevées, dans ce cadre, s'élève à 1.256 projets d'un montant de 15,95 milliards de dinars au niveau de 1.014 zones d'ombre et au profit de 716.000 citoyens». Parmi les «projets achevés», 208 concernent l'eau potable, 293 dans l'assainissement, 170 pour le désenclavement, 136 en amélioration des conditions de scolarisation, 91 pour le raccordement en électricité et gaz naturel, 73 en éclairage public, 60 en matière de prise en charge de la santé de proximité, et 31 en aménagement des espaces sportifs et récréatifs pour les jeunes. Quant aux opérations en cours de réalisation, le même rapport fait état de 5.280 projets, d'un montant total de 95,66 milliards de dinars (MDA) au niveau de 4.205 zones d'ombre et au profit de plus de 3,8 millions de citoyens. La plupart de ces projets devront être réceptionnés en octobre prochain, et pour certains au cours du premier trimestre de l'année 2021. Par ailleurs, 5.279 projets seront lancés avant la fin de l'année, pour un montant total de 95,5 milliards de dinars, dans 4.283 zones d'ombre, au profit de près de 3,9 millions de citoyens. Leur réception sera progressive à partir de la fin du 1er trimestre de l'année prochaine. Concernant la diversification des ressources de financement, il a été préconisé la mobilisation des différentes ressources locales ou centrales disponibles, la création d'un Fonds national dédie aux zones d'ombre, l'affectation d'un programme spécial au titre des Plans de développement communaux à hauteur de 50 MDA dans le cadre des lois de finances 2021 et 2022, exclusivement destiné à la prise en charge des zones d'ombre. Lignes de transport pour les zones d'ombre Pour le désenclavement des zones d'ombre, il a été recommandé la levée du gel sur les autorisations de transport collectif, dans le but de créer des lignes au profit de ces régions et la création d'activités économiques et artisanales, notamment à travers l'appui aux crédits sans intérêts octroyés par les dispositifs de l'Etat. Concernant l'association des composantes de la société civile à la prise en charge des besoins des zones d'ombre, l'accent a été mis sur la nécessité d'activer la participation des habitants des zones d'ombre à la détermination des priorités des projets, d'encourager les initiatives de gestion participative des projets réalisés et d'élargir la couverture sociale et la prise en charge sanitaire au niveau de ces zones. Pour ce qui est du suivi et de la vigilance, l'atelier a conclu de la nécessité de mettre en place un système de suivi au niveau de chaque wilaya, à même de veiller au suivi et à la mise en œuvre des projets, de créer un mécanisme sous l'autorité des walis de la République, avec la participation des services techniques, chargé de veiller au suivi continu de la mise en œuvre des projets.