Né en 1930 à Constantine et ayant suivi un cursus scolaire acceptable, Abdelaziz M'haimoud, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a vite rejoint l'Organisation secrète (OS) où il a, avec beaucoup d'autres militants, commencé à organiser la lutte, par tous les moyens, contre le colonialisme français, déclenchement de la révolution armée oblige ! Se faisant repérer et surveiller de près à Constantine, les responsables de l'Organisation ont décidé de le transférer, avec d'autres militants, vers la Métropole, c'était en 1956 (laissant derrière lui une épouse et 4 enfants). Installé à Annemasse, une ville de la Haute-Savoie, frontalière avec la Suisse, c'était là-bas qu'il a intégré une organisation en pleine phase de structuration à l'époque, en l'occurrence, l'Organisation civile du Front de libération nationale — OCFLN — le 12 juillet 1958, et en pleins préparatifs de la célébration des festivités de l'indépendance de la République française (14 juillet), il fut arrêté à Annemasse pour attentat contre «les intérêts de la République» et présenté à la Une du quotidien Le Dauphiné de la Savoie, menotté et sous le titre «Un dangereux terroriste arrêté à Annemasse». Mis en détention provisoire à compter de la mi-juillet 1958, ce n'est que le 10 avril 1959 que le tribunal permanent des forces armées de Lyon le déclare coupable «d'actes terroristes en vue d'apporter une aide directe ou indirecte aux rebelles des départements algériens». En conséquence, il fut condamné à la majorité des voix à la peine des travaux forcés à perpétuité. Et, c'est à la maison d'arrêt de Fresne (photo) qu'il a été placé en vue de purger sa peine. Et cela a duré jusqu'au jour du 22 mai 1962 lorsqu'il a été amnistié par le Conseil du Rocher-Noir, dans le cadre des accords d'Evian. Rentré, juste après, au pays pour rejoindre sa petite famille, sa ville natale et un pays qu'il n'a quitté, depuis, qu'à deux reprises. Une fois (début des années 80) pour se rendre aux lieux saints de l'Islam afin d'accomplir le pèlerinage et, une 2 ème fois, ce mardi 3 août 2020 pour aller rejoindre sa dernière demeure au cimetière central de la ville de Didouche Mourad à Constantine, à l'âge de 90 ans, accompagné de ses enfants et nombreux petits-enfants qui l'ont eux-mêmes mis sous terre, non sans grande fierté. Que Dieu ait son âme et l'accueille en Son Vaste Paradis. Il est parti avec la conscience tranquille et le sentiment du devoir bien accompli, lui qui est resté fidèle à ses principes et à son amour pour la patrie, une patrie dont il suivait de très près et avec amertume les bouleversements, les péripéties, les errements et les naufrages auxquels elle fait face, depuis des décennies maintenant ! A. M.