Pas besoin de trop chercher pour comprendre que l'impératif du moment, pour le pays, est d'abord et avant tout économique. Pour l'Algérie, qui plus est, l'urgence s'est imposée antérieurement à cette période trouble de pandémie qui, en réalité, n'a fait que donner encore de la dimension, si besoin est, à l'exigence de sauver d'abord ce qui peut l'être de l'économie nationale, puis de remettre de l'ordre, le tout grâce à une toute nouvelle orientation. C'est le branle-bas de combat au sein de l'exécutif, il est vrai mis dos au mur par une situation socio-économique intenable, une situation qui exige que s'arrête le temps des constats et des lamentations pour laisser place à la mise en pratique des solutions. Ainsi, entre dans cet ordre d'idées la rencontre nationale consacrée à la relance économique, une des initiatives destinées à mettre les jalons pour reconstruire l'économie nationale et en finir avec «la longue période de léthargie, de gaspillage de ressources», tel que l'appelait, hier lundi, lors de son passage à la Chaîne 3, Mohamed Chérif Belmihoub, le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Prospective. «Il est venu le temps de mettre de l'ordre dans notre économie, sur le plan des structures de l'économie qu'il faut transformer et aussi sur les institutions de l'économie. Ce sont les deux volets que nous devons affronter immédiatement», a posé comme postulat le chargé de la Prospective au sein du gouvernement. Une suite de la réflexion sur le plan de relance économique engagée en haut lieu qui est venue après un certain nombre d'instructions et d'orientations données depuis janvier dernier. Un plan de relance construit sur une approche très pragmatique qui aura un impact immédiat sur la vie des citoyens et des entreprises, a assuré l'invité de la rédaction de la Chaîne 3. D'abord, il y a la question de la léthargie de l'économie, et puis il y a celle des besoins urgents pour le redémarrage de l'économie et de la croissance, a expliqué M. Belmihoub, avant d'identifier trois crises «cumulées, superposées l'une sur l'autre» auxquelles nous faisons face, expliquant qu'il y a «d'abord, les survivances de la crise de 2014, née de la chute brutale des ressources des hydrocarbures. Ensuite, nous avons constaté que dès qu'il y a une baisse des prix des hydrocarbures, l'économie s'arrête. Et puis, il y a eu de nouveau la baisse des prix du pétrole avec la crise de Covid-19». Désormais, pour affronter cette situation de crise multidimensionnelle, une crise systémique, il n'est pas conseillé de se perdre en diagnostics, estime-t-on en haut lieu. C'est pourquoi il est question d'y aller très rapidement. Donc, à travers la démarche proposée, c'est-à-dire le plan de relance économique, il s'agit de mettre en place «des actions à impact immédiat» et ainsi «d'ici la fin de cette année, on doit avoir enregistré quelques impacts pour éviter le pire, c'est-à-dire que les entreprises continuent à fonctionner, que les ménages disposent de revenus». Mais, ceci devrait prendre en compte cette réalité qui veut que la situation financière du pays ne permet plus de «soutenir les grandes actions budgétaires», ce qui appelle à l'inclusion de tous les acteurs de la société dans la démarche proposée. Ce pourquoi la rencontre de ce mardi verra l'implication de tous : entrepreneurs, partenaires sociaux, experts, fonctionnaires. Une rencontre que le membre de l'exécutif présentera comme étant «souveraine et solidaire». Apparemment, et selon M. Chérif Belmihoub, c'est une conférence lors de laquelle tout sera mis à plat. Ça discutera de la liberté d'investir, avec ses pendants tels les questions liées à la législation, l'environnement des affaires, la rente qui est encore capturée par certains qui ne travaillent pas pour la croissance, de la question de la concurrence parce qu'il y a des monopoles et oligopoles dans notre économie, et d'autres sujets encore liés à la bureaucratie et la corruption contre lesquelles il va falloir «lutter par la transparence et la numérisation», préconise le chargé de la Prospective auprès du Premier ministre pour qui la démarche à suivre pour la relance de l'économie nationale ne nécessite pas la sollicitation du marché financier international. Ceci d'autant plus, assure-t-il, que l'Algérie n'est pas en faillite, mettant en avant les ressources encore inexploitées et d'autres solutions financières toutes locales, notamment à travers les instruments qu'offre le système financier et bancaire, et de l'investissement étranger. C'est en tous les cas une rencontre dédiée au plan de relance économique qui s'annonce décisive pour la sortie de crise «systémique» dont souffre le pays. Une rencontre appelée à tracer les jalons d'une stratégie qui devra donner des résultats à court terme, comme l'a rappelé, hier, Mohamed Chérif Belmihoub. Azedine Maktour