Le professeur Mohamed Cherif Belmihoub estime que des réformes économiques profondes devront être engagées en priorité une fois la crise sanitaire terminée. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Dépeignant un contexte où l'Algérie vit des crises successives, l'analyste économiste Mohamed Cherif Belmihoub appelle le gouvernement à plancher sur l'après Covid-19 et à définir ses priorités. Intervenant hier dimanche sur les ondes de la Radio Chaîne 3, il soutient que dans l'immédiat , l'urgence est « à la relance économique ». La réforme de l'économie nationale est, dit-il , une question « qu'on ne peut occulter, même si la réforme du système de soins prime sur tout autre changement ». Il estime, dans ce sillage, qu'il est impossible d'envisager une réforme sanitaire sans une économie forte,« capable de prendre en charge financièrement les soins prodigués par les structures de santé publiques ». Comment engager ces réformes ? Pour cet analyste, la situation en matière des finances était déjà « délicate » avant l'apparition de l'épidémie de coronavirus. Les choses se sont aggravées par la suite, relève-t-il. Il explique, par conséquent, qu'il faut réfléchir « une nouvelle façon de faire des réformes ». Pour lui, les dispositions adoptées par le gouvernement dans ce sens depuis des années ont fini par démontrer qu'elles n'étaient que « des réformettes ». Il estime que pour mener un vrai programme de réforme, il faut « avoir le courage et l'audace de transformer le système économique » et ce, souligne-t-il, aussi bien dans son volet financier que dans son volet de l'économie réelle et productive. Evoquant certains points contenus dans l'avant-projet de la loi de finances et qu'il qualifie « d'avancées », Mohamed Cherif Belmihoub n'a pas caché ses craintes au moment de l'élaboration de la LFC, expliquant qu'il redoutait que l'Algérie aille vers une politique d'austérité. « Cette option est inenvisageable tant elle risque d'anéantir ce qu'il reste de notre économie », prévient-il. Il expliquera que l'augmentation de l'ISNMG ou encore la suppression de l'IRG pour les revenus de moins de 30 000 DA sont deux éléments qui permettent de garder un pouvoir d'achat sur le marché, mais cela reste « insuffisant ». Et pour cause, ce qui sera important au moment de la relance économique, dit-il, « c'est de trouver des entreprises en activité et des revenus dans la société ». Ce sont là deux éléments sans lesquels il ne peut y avoir de relance. Abordant l'éventail de moyens d'arbitrage qui pourraient accompagner cette relance, l'invité de la radio a évoqué la possibilité d'intégrer l'argent de l'informel dans l'optique de réguler l'économie nationale. Soulignant que personne ne peut estimer le chiffre exact des sommes « détenues dans ce secteur », il fait savoir qu'il y a deux moyens de réaliser cette régulation. La première façon serait de trouver les instruments pour canaliser cet argent, « mais cela demande beaucoup de temps », affirmant que ce ne sera pas pour tout de suite. Le second moyen est plus radical, dit-il, « il s'agit de changer les billets de banque »,et l'effet sera alors immédiat. Il précise que cet argent doit être bancarisé et utilisé pour financer l'économie nationale, en sachant que « l'argent de l'informel a un impact direct » sur le budget de l'Etat et le service public. M. Z.