Si Abdelaziz Bouteflika a été empêché par le Hirak de briguer un 5e mandat, le Président bélarusse Alexandre Loukachenko, 65 ans, pensait faire mieux : réélu le 10 août dernier pour un 6e mandat consécutif, avec 80,23% des voix, il était loin de s'imaginer qu'une partie des Bélarusses allait l'empêcher de savourer sa victoire face à l'opposante Svetlana Tikhanovskaïa à qui il a laissé des miettes (9,9%). Car dès l'annonce des résultats, des manifestations ont éclaté dans tout le pays. Ce qui fait que depuis le 10 août, l'autocrate Loukachenko fait face à un « Hirak » local qui l'empêche de dormir. C'est que le Président bélarusse (65 ans) au pouvoir depuis 1995, plus jeune qu'Abdelaziz Bouteflika (83 ans) et, de surcroît, au meilleur de sa forme physique, n'a pas compris qu'on ne peut impunément rester au pouvoir toute sa vie et qu'il arrive un moment où il faut savoir laisser sa place. Pour l'avoir oublié, ou plutôt comme tous les dirigeants autoritaires qui ne se fient qu'à leur folie des grandeurs, il n'a pas vu arriver la colère de ses concitoyens fatigués de voir les mêmes têtes au pouvoir durant 25 ans ! Et comme tout mouvement protestataire, ça commence par un rassemblement de quelques milliers de personnes, puis par des dizaines de milliers avant de se transformer en déferlante populaire scandant « Pars », l'équivalent du « Dégage » scandé en Tunisie puis en Algérie. La différence, cependant, avec l'Algérie est cette présence en grand nombre des ouvriers et des salariés des grandes entreprises en tenue de travail dans les rangs des manifestants. Autre particularité de la protestation biélorusse, pas de slogans pro-occidentaux ou hostiles contre le grand frère russe et son Président Vladimir Poutine. Alexandre Loukachenko a beau invoquer la main de l'étranger, c'est un homme seul qui agace le grand frère russe avec qui les relations ne sont pas au beau fixe en raison de divergences de vue sur de nombreux dossiers, à commencer par l'Ukraine. Un agacement qui se greffe sur les mauvaises relations personnelles qu'entretiennent Poutine et Loukachenko. Aussi n'est-il pas impensable que la Russie de Poutine lâche cet allié encombrant en actionnant ses relais en Biélorussie pour la mise en place d'une transition politique qui préserve ses intérêts géostratégiques. Mais Moscou doit compter avec le « Conseil de coordination » pour la transition politique, mis en place récemment et qui a organisé une première conférence de presse mardi, appelant « à un nouvelle élection présidentielle équitable et démocratique sous supervision internationale ». À l'annonce de la création de ce « Conseil de coordination » dans lequel figure le prix Nobel de littérature Svetlana Alexievitch, l'autocrate Alexandre Loukachenko a menacé de « refroidir certaines têtes brûlées » ! Rien que ça ! Sous pression, car l'Union européenne (UE) veut s'en mêler, au nom de la démocratie bien sûr, argument qu'elle met généralement sous le tapis quand il s'agit d'Israël qui bafoue impunément les droits du peuple palestinien, Loukachenko se tourne vers la Russie avec qui il cherchait pourtant à prendre ses distances en se rapprochant de... l'Union européenne ! Eh oui, il est ainsi ce Loukachenko, prêt à tout, comme tous ses semblables sous d'autres cieux, pour se maintenir au pouvoir. Le Mali. Renversé par un coup d'Etat militaire, le Président Ibrahim Boubakar Keïta, dit IBK, a annoncé, sous la contrainte, sa démission, la dissolution du gouvernement et de l'Assemblée nationale. Les militaires ont promis, comme toujours, de nouvelles élections. Et la France, qui est présente militairement au Mali ? Elle a condamné ce coup de force. Mais à qui fera-t-on croire qu'elle ne savait pas, qu'elle n'avait rien vu venir, quand on sait que c'est Paris qui forme, équipe et encadre les forces maliennes ? H. Z.