Mais cette fois, la crise ne serait pas aussi grave. La demande en gaz a baissé et, de plus, c'est l'été et uniquement 20% du gaz russe transitent, avec la possibilité aussi de trouver des solutions de rechange. Néanmoins, le problème reste sérieux. Selon des informations d'agences, le président biélorus, Alexandre Loukachenko, aurait ordonné, hier mardi, d'arrêter le transit du gaz russe vers l'Europe par le territoire de son pays. «Le président Loukachenko a ordonné d'arrêter le transit du gaz russe via le Bélarus», selon son porte-parole M. Liogki. «Les déclarations des dirigeants russes humilient le peuple biélorusse. Ce n'est pas le Bélarus qui a une dette envers Gazprom, c'est Gazprom qui en a une envers le Bélarus», aurait déclaré le président Loukachenko lors d'une rencontre avec le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Pour l'instant, la seule revendication du Bélarus a consisté à demander que la compagnie russe Gazprom lui paie le transit du gaz qui passe par son territoire. Cette revendication a été rendue publique par le président Loukachenko lorsqu'il a donné l'ordre d'arrêter le transit du gaz russe par son pays en déclarant notamment : «J'ai ordonné au gouvernement de stopper le transit du gaz russe via le Bélarus tant que Gazprom ne paie pas le transit de son gaz.» Gazprom a réduit ses exportations de gaz vers le Bélarus pour une dette impayée et a baissé ses livraisons à 30%. Selon le patron de Gazprom, Alexandre Miller, «le Bélarus n'a rien entrepris au cours des dernières 24 heures pour payer la dette». C'est lundi que la Russie a commencé à réduire de 15% ses livraisons de gaz vers le Bélarus en annonçant que la réduction va atteindre les 85%. La dette concernant le gaz livré par Gazprom au Bélarus serait de 192 millions de dollars depuis le début de l'année. Après la mise en œuvre de la réduction, le gouvernement du Bélarus a annoncé qu'il allait prélever du gaz dans les gazoducs d'exportation (vers l'Europe) pour ses propres besoins et faire marcher son économie. Si pour l'instant la crise ne touche pas encore les approvisionnements vers l'Europe, il n'empêche qu'une réunion de crise a été convoquée à Bruxelles. Cette réunion, qui a regroupé des experts européens et russes, devait étudier les conséquences de ce conflit. Selon Bruxelles, trois pays seulement pourraient être touchés, la Lituanie, l'Allemagne et la Pologne. Selon les analystes russes cités par la presse, c'est le refus du Bélarus d'adhérer à l'union douanière prônée par Moscou qui a fait durcir la position de la Russie, puisque le différend est apparu au mois de mars. Hier après-midi, la Commission européenne a appelé le Bélarus et la Russie à respecter leurs obligations contractuelles. «Nous attendons que le transit du gaz ne soit pas affecté et que les obligations contractuelles soient remplies», a déclaré la porte-parole pour les questions d'énergie de la Commission européenne. Pour l'instant, Bruxelles n'a signalé aucun problème d'approvisionnement. 6,25% de la consommation de gaz de l'UE transitent par le Bélarus, selon des statistiques de Bruxelles (20% des importations de gaz russe). Toutefois, la Russie pourrait acheminer le gaz qui transitait par le Bélarus à travers le réseau de gazoducs qui la relient à l'Europe via l'Ukraine. C'est l'une des solutions évoquées par les experts russes et européens.