A New York. A huis clos. A l'abri du coronavirus ? C'est dans des conditions inédites dictées par la pandémie que l'élite du tennis mondial renoue avec la compétition aujourd'hui, le tournoi de Cincinnati faisant office de test grandeur nature avant l'US Open. C'est un gros pari que tente de relever la Fédération américaine de tennis (USTA), en faisant s'enchaîner coup sur coup le Masters 1000/Premier Mandatory et le tournoi du Grand Chelem (31 août-13 septembre), au sein d'une même bulle sanitaire mise en place à Flushing Meadows. Longtemps menacés par le Covid-19, toujours aussi galopant aux Etats-Unis, ces deux rendez-vous, les plus importants de la saison estivale sur dur ont été maintenus par l'instance, mue par trois principes directeurs. «1/Pouvons-nous organiser ces tournois dans un environnement sain et sûr, pour tout le monde ? 2/Est-ce dans le meilleur intérêt du tennis ? 3/Cela a-t-il un sens financier pour les joueurs, l'USTA et plus largement pour l'écosystème du tennis ? A ces trois questions, la réponse continue d'être oui», a assuré son patron Mike Dowse, mardi. Au même moment, l'instance annonçait un premier cas positif dans la bulle. Qui s'est avéré être celui d'un préparateur physique et qui a eu pour conséquence le retrait du tableau masculin du tournoi de Cincinnati de l'Argentin Guido Pella et du Bolivien Hugo Dellien, ayant été «en contact étroit» avec lui. Distanciation surveillée Bien qu'ils aient été testés négatifs, cette décision résulte du protocole de sécurité établi sous la gouverne du Département de la santé de l'Etat de New York. Les joueurs seront de nouveau testés plusieurs fois durant leur quatorzaine, en espérant pouvoir participer à l'US Open. «Nous avons effectué 1400 tests. Mathématiquement, nous nous attendions à avoir un cas positif, sinon plus. Nous avons donc prévu cela et nous avons mis en place un protocole très spécifique pour éviter une propagation», a assuré Michael Dowse. Les jours prochains diront si ce plan fonctionne. A ce titre, l'USTA a, par exemple, prévu d'exclure tout joueur (ou une personne de son entourage) qui s'aventurerait hors de la bulle. Seule une autorisation écrite exceptionnelle le lui permettra. Pour assurer le bon déroulement quotidien, quarante membres du personnel surveilleront les courts pour s'assurer que les joueurs et autres personnes respectent les normes de distanciation et portent des masques. Les vestiaires du stade Arthur-Ashe qui peuvent normalement accueillir jusqu'à 300 personnes seront limités à 30 à la fois et uniquement accessibles aux joueurs, pour 15 minutes environ maximum. Des tables de massage seront disposées en extérieur. Quant aux loges, qui ne seront pas sources de revenus cette année, huis clos oblige, elles seront attribuées aux 32 têtes de séries masculines et féminines. Djokovic «chez lui» L'immense majorité des joueurs seront logés à Long Island, à 30 km à l'est de Flushing Meadows, dans deux hôtels réquisitionnés par l'USTA, où tout a été fait pour les accommoder (simulateur de golf, salles de jeux et de gym, écrans géants pour regarder les matchs...). Ils feront leurs allers-retours jusqu'à Flushing Meadows, non pas en voitures individuelles, mais en bus remplis à 50% de leur capacité. Huit joueurs, dont Novak Djokovic, ont néanmoins obtenu de l'USTA le droit de louer à leur frais une maison, dont ils doivent également payer la surveillance 24/24. Sur ce point, le N.1 mondial serbe est parvenu à assouplir des conditions qu'il avait jugées trop restrictives, menaçant de ne pas venir à New York pour disputer l'US Open. «Nole» sera évidemment aussi l'homme à battre au Masters 1000 de Cincinnati, où il compte également engranger du temps de jeu et des sensations puisqu'il y est aussi engagé en double. Ses rivaux se nomment Dominic Thiem et Daniil Medvedev, tenant du titre à Cincinnati et finaliste l'an dernier de l'US Open, tandis qu'Andy Murray tentera un nouveau retour au plus haut niveau. Côté dames, Serena Williams tentera d'y décrocher un troisième titre, avec pour concurrentes la Tchèque Karolina Pliskova, lauréate en 2016, l'Américaine Madison Keys, tenante du titre, ou encore Sofia Kenin, vainqueur de l'Open d'Australie en début d'année.