Propos recueillis par Karim Aimeur Dans cet entretien, Meziane Meriane, coordinateur national du Syndicat national autonome des professeurs d'enseignement secondaire et technique (Snapest), évoque les difficultés de l'année scolaire 2020-2021, estimant qu'elle est plus ardue que l'année scolaire qui a suivi l'indépendance du pays en 1962. Il incombe cette situation à une double crise économique et sanitaire. Le Soir d'Algérie : Après le personnel administratif, c'est au tour des enseignants d'être appelés à la reprise depuis hier dimanche. Comment s'annonce la nouvelle année scolaire dont la reprise se fait dans des conditions exceptionnelles ? Meziane Meriane : L'année scolaire 2020-2021 s'annonce comme la plus difficile année du point de vue organisationnel. Je dirais même plus ardue que celle qui avait suivi notre indépendance, à savoir l'année scolaire 1962-1963. Cette année, elle intervient dans un contexte sanitaire des plus difficiles à gérer, provoqué par la pandémie mondiale de Covid-19. Cette crise sanitaire a donné lieu à une crise économique aggravée par la chute du prix du baril de pétrole. Cette situation va engendrer des dégâts collatéraux sur la situation sociale du fonctionnaire, ainsi que sur le côté pédagogique du moment où il va y avoir moins de postes de travail pour les enseignants. Toutefois, ce contexte peut bien constituer une opportunité pour mieux réfléchir comment vivre et faire face aux aléas avec nos propres moyens. Comment évaluez-vous les conditions dans lesquelles se préparent les examens du BEM et du bac qui seront organisés dans quelques semaines ? Le protocole mis en place par notre tutelle, pour peu qu'il soit appliqué correctement et minutieusement sur le terrain, peut répondre aux exigences sanitaires et aux orientations des spécialistes de la santé, d'autant plus que pour le brevet d'enseignement moyen (BEM), la distanciation physique est très possible du fait que l'examen est facultatif, et donc le nombre d'élèves qui vont le passer sera certainement très réduit. Il reste, cependant, à organiser les réfectoires et faire en sorte que les mesures barrières soient observées. J'avais déjà suggéré une commission de suivi et d'application des exigences sanitaires et la mise des bavettes à la disposition des élèves qui n'en possèdent pas. Pour l'examen du baccalauréat, il y a lieu de jumeler deux établissements limitrophes pour pouvoir avoir des salles à 20 élèves et répartir les candidats en faisant en sorte de respecter la distance dans les salles. Les établissements scolaires sont-ils prêts pour la reprise, surtout que si, d'ici la rentrée des classes, les conditions sanitaires demeurent les mêmes ? Vu la situation économique de notre pays, je crois qu'il faut apprendre à vivre avec le virus, tout en se protégeant au maximum, en observant les mesures barrières. Le port du masque de protection doit être obligatoire pour chaque élève. Les établissements scolaires doivent mettre suffisamment de gel désinfectant à la disposition des élèves, et le contrôle de leur température doit être systématique au moins une demi-heure avant le début des cours. Il faut aussi assurer la disponibilité de l'eau pour chaque établissement scolaire, partout en Algérie, quitte à utiliser des citernes. Il faut aussi sensibiliser au maximum. Si tout le protocole mis en place est respecté sans faille, avec un suivi rigoureux, je pense qu'on pourra s'en sortir. Mais un seul point noir se pose : c'est la distanciation impossible à faire avec 40 élèves, voire plus dans une classe. Il faut, dès lors, penser à travailler par groupes, là où il y a suffisamment de salles. Quelles sont les propositions de votre syndicat pour que la nouvelle rentrée se fasse dans la sérénité ? Notre lutte syndicale est globale. On agit au sein de la Confédération des syndicats algériens (CSA), et en coordination avec l'Intersyndicale de l'éducation. On demandera une bipartite pour penser à des mécanismes d'aide aux couches défavorisées, en conséquence à la pandémie. On exigera la sauvegarde du pouvoir d'achat avec la diminution de l'IRG, sachant que le fonctionnaire paie plus d'impôts que le riche commerçant. Les libertés syndicales font aussi partie de nos revendications. K. A.