De notre correspondante à Rome, Aicha Abdeslem Il avait été arrêté avec un jeune Marocain, car tous deux suspectés d'avoir tenté de forcer une voiture pour la voler, dans le quartier touristique de Porta Venezia. Alors qu'il attendait d'être interrogé par les policiers en service, il se serait donné la mort, par pendaison. En attendant l'identification de la victime afin d'établir sa véritable identité, les services consulaires algériens de Milan et l'ambassade de Rome comptent beaucoup sur l'apport de la police à Alger. Car si le défunt est algérien comme il l'avait déclaré, il devrait figurer dans le fichier automatisé des empreintes digitales. Le drame de cet inconnu, 43 ans, commence dimanche 23 août, vers midi. Un Maghrébin arrêté, deux heures avant, se trouve seul dans une salle d'attente, au commissariat de Milan, en attendant d'être interrogé avec son compagnon de 23 ans, marocain. Lorsque l'agent ouvre la porte de la pièce pour accompagner l'interpellé au bureau de l'identification et du signalement, il trouve un spectacle macabre devant lui. Un corps pendant aux barreaux, à l'aide d'une bande de tissu, prélevée sur le t-shirt qu'il portait. Cet inconnu, qui a toujours fourni de fausses identités, donnera du fil à retordre à la police, même mort. Contacté, le commissariat de Milan nous a révélé que ses services n'avaient aucune preuve concrète sur la nationalité du défunt. Nous avons alors demandé aux responsables de la police italienne sur quelle base ils ont rendu publique l'information qui lui attribue la nationalité algérienne. «Nous l'avons fait suivant les déclarations que la personne interpellée nous a fournies au moment de l'arrestation. Par ailleurs, les empreintes post mortem prélevées sur le cadavre nous ont permis de découvrir que le défunt avait déjà été arrêté une dizaine de fois pour des délits de drogue et d'atteinte au patrimoine. À chaque fois, l'homme avait donné un nom différent (faux), affirmant être algérien», nous a-t-on affirmé auprès du commissariat de Milan. Ce ne serait pas la première fois que des ressortissants marocains déclarent une fausse identité et prétendent être algériens. Pourquoi mentent-ils sur leur identité ? N'ayant aucune envie d'être extradés au Maroc où une police très sévère les attend, ils optent pour ce « dépistage » pour gagner du temps, car sans identification formelle du pays d'origine, aucun immigré en situation irrégulière n'est expulsé, ne sachant vers quelle destination le renvoyer. Toutefois, le consul général d'Algérie à Milan, Ali Redjal, nous a affirmé que ses services n'allaient pas cesser leurs enquêtes pour remonter à l'identité de la victime, dans le cas où les services de sécurité algériens n'aient rien trouvé sur son compte dans leur fichier informatique, et qui établirait qu'il est algérien. «C'est un être humain qui est mort dans des conditions que la justice italienne élucidera, et il faudra établir son identité. Nous n'épargnerons aucun moyen pour confirmer ou infirmer sa nationalité présumée algérienne. Car s'il s'avère algérien, nos services juridiques suivront l'enquête que les autorités italiennes mènent», nous assure le diplomate algérien en poste à Milan. L'ambassade d'Algérie à Rome est également mobilisée pour remonter à l'identité du mystérieux Maghrébin. La communauté algérienne en Italie a été sollicitée pour trouver des traces sur la vie de la victime. Le parquet de Milan, qui a ordonné une autopsie sur le corps de la victime, a déjà visionné les vidéos enregistrées par les caméras de surveillance du commissariat. Le procureur Paola Pirotto a été chargé d'établir les faits et l'autopsie fixée au 28 août devrait confirmer le suicide documenté par les caméras, alors que son identité et sa nationalité demeurent pour l'instant inconnues. A. A.