Face à la persistance de la pandémie de Covid-19, le dépistage massif de la population demeure l'ultime solution pour mieux contenir ce virus. Seulement, faute de kits de dépistage et de réactifs, dénoncé par le corps médical, cette opération s'avère très difficile à mettre en pratique. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Au moment où le nouveau coronavirus continue à sévir dans notre pays, le relâchement des mesures barrières constaté chez une grande partie de la population ne fait que compliquer la situation, notamment à l'approche de la rentrée sociale. Dans l'objectif d'éviter la formation de nouveaux foyers et contenir cette pandémie, les professionnels de la santé ne cessent de plaider pour le dépistage massif de la population. Pour eux, cette mesure reste le seul moyen pour mieux gérer cette crise sanitaire et barrer la route à la propagation du virus de Covid-19. «Le dépistage massif est recommandé pour avoir une meilleure vision d'ensemble de la circulation du virus et tenter de localiser où il se diffuse, pour freiner l'épidémie», affirme le Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP). Selon lui, dépister permet d'identifier les cas confirmés positifs, notamment les porteurs sains et de les suivre. Pour ce faire, il évoque un suivi sur une aire géographique à travers une localisation GPS ou des applications sur smartphone. Un traçage qui, estime-t-il, ne saura se faire puisque «nous sommes en retard sur beaucoup d'aspects». Mais si le dépistage massif semble être un moyen efficace pour aider les autorités sanitaires à lutter contre l'épidémie de Covid-19, il s'avère difficile à concrétiser. En effet, le président du SNPSP déplore un déficit de tests. «On a éclaté des laboratoires capables de faire des PCR, pour installer plus d'une trentaine au niveau national et multiplier le nombre de tests. Seulement, ces mêmes laboratoires sont tributaires des kits de prélèvement qui n'existent pas. Pour pouvoir effectuer ces analyses, ils dépendent aussi des réactifs nécessaires aux machines qui, eux aussi, font défaut», explique-t-il. Il rappelle qu'au début de la pandémie, on se plaignait du manque de moyens. «Six mois plus tard, nous nous retrouvons, malheureusement, toujours au même stade. Nous sommes en train de tourner en rond et nous n'avançons pas», regrette-t-il. Face au non-respect du port de masque et de la distanciation physique par la grande majorité des Algériens, le Dr Merabet n'écarte pas une aggravation de la situation sanitaire dans notre pays. «Une autre flambée de cas de contamination risque de survenir et pourrait faire des dégâts.» Rappelant les prévisions de l'OMS (Organisation mondiale de la santé) qui espère une accalmie de la pandémie dans pas moins de 24 mois, le praticien ne cache pas ses appréhensions. «Dans le cas d'une reprise des échanges avec les autres pays et la libération des déplacements des personnes, l'Algérie connaîtra un flux de voyageurs venant des différents continents. Et si jamais cette pandémie persiste, nous risquons alors d'être frappés de plein fouet», avertit-il. Ry. N.