Les experts sont unanimes : l'anarchie spectaculaire causée au tissu urbain de la région d'El-Kherba, sur les hauteurs de la ville de Mila, n'est nullement induite par la secousse tellurique du 7 août dernier de magnitude 4,9 mais, par des facteurs intrinsèques au sol de cette partie de la ville. Une armada de spécialistes, 80 ingénieurs du CTC et une cinquantaine d'experts du Laboratoire national de l'habitat et de la construction (LNHC), ont travaillé sur le dossier pendant près d'un mois et les résultats sont là. Ils incriminent plutôt la richesse en eau de la région, la grande teneur en gypse du sol et les pentes raides qui caractérisent la géographie des lieux. Le balayage au moyen de drones et les analyses de centaines de carottes prélevées à diverses profondeurs attestent que le gigantesque glissement de terrain qui a déstructuré cet espace de plus de 200 ha d'étendue est causé par des facteurs inhérents au terrain lui-même, à savoir : l'eau et le gypse conjugués à la morphologie en pente de la région. Le délégué national aux risques majeurs affirmait, ce mardi : «L'eau en abondance et à fleur du sol, la grande teneur en gypse de la terre et les pentes sont les véritables causes du glissement de terrain qui a déstructuré le quartier d'El-Kherba.» Et d'ajouter : «Le tremblement de magnitude 4,9 est un tremblement moyen, qui n'a causé aucun dégât notable dans les communes de Sidi-Merouane et de Hamala, situées pourtant dans la périphérie immédiate de l'épicentre de la secousse, soit 12 km plus loin.» L'intervenant à la session de travail tenue par les ministres de l'Intérieur et de l'Habitat, qui étaient en visite à Mila, souligne, preuve à l'appui, que la région d'El-Kherba n'est pas propre à l'urbanisation et qu'elle doit être déclassée en terre agricole. Le CTC confirme, pour sa part, cette thèse, en affirmant que le château d'eau situé dans la région, et que les riverains mettent en cause dans le glissement du sol, n'a absolument aucune incidence dans ce qui s'est passé. Soulignons qu'El-Kherba, qui s'étend sur une superficie de 205 h, dont 53 sont habités, est connue de longue date pour son sol instable et riche en eau ainsi que ses pentes raides. Kamel Bouabdellah Les ministres de l'Intérieur et de l'Habitat Le bilan fait, les perspectives se dessinent Le ministre de l'Intérieur et son homologue de l'Habitat se sont rendus, ce mardi, dans la wilaya de Mila. Les deux membres du gouvernement, après avoir pris connaissance du bilan final des dégâts occasionnés par la série de tremblements de terre qui a secoué la wilaya, durant les mois de juillet et août, ont mis l'accent sur les modalités de prise en charge et d'indemnisation des sinistrés. Kamel Beldjoud fera savoir que toutes les victimes de la catastrophe naturelle seront prises en charge et indemnisées. Il demandera, toutefois, aux concernés de patienter un peu : «L'opération de relogement et d'indemnisation prendra un certain temps, c'est normal, il y a un travail d'experts qui se fait en amont, nous comptons beaucoup sur votre compréhension.» Dans cet ordre d'idées, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales affirme que sept départements ministériels travaillent sur ce dossier pour permettre aux citoyens éprouvés de retrouver une vie normale au plus vite. « 600 logements ont été dégagés au profit des sinistrés dans la localité de Ferdoua et 100 autres dans les communes de Aïn-Tinn et de Sidi-Khelifa.» Il révélera, en outre, que la commission nationale mise en place à cet effet a retenu 4 sites, en plus d'un site de réserve, pour créer des lotissements toujours au profit des familles sinistrées. D'une superficie totale de plus de 85 ha, ces lotissements peuvent abriter entre 1 660 et 2 000 lots à bâtir. Le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville a, pour sa part, appelé les experts du CTC et des laboratoires spécialisés dans les études du sol à plus de célérité, en exigeant d'eux de se conformer aux normes techniques les plus sévères. «On exige des études et des expertises sans faille.» Kamel Nasri a, d'autre part, révélé que les futurs lotissements seront construits sous forme de petites villes pavillonnaires, dotées de toutes les fonctions et commodités des cités modernes. K. B