Quelques jours après la publication des cahiers des charges relatifs à la fabrication automobile et à l'importation de véhicules neufs, le géant chinois JAC et son partenaire algérien Emin Auto viennent d'officialiser leur candidature en déposant un dossier pour l'obtention des agréments y afférents auprès du ministère de l'Industrie. Une première annonce qui met ainsi fin au mystère entretenu autour des futurs opérateurs dans le domaine. En sa qualité de première marque officiellement en course, le constructeur étatique chinois entend ainsi marquer tout l'intérêt accordé par son gouvernement au développement d'une véritable industrie automobile en Algérie, et renouveler aussi sa confiance en son partenaire historique, la société Emin Auto, à travers un protocole de représentation exclusive (concession) de 6 années. Un soutien et une volonté déjà exprimés en diverses occasions par l'ambassadeur de Chine. Mais, encore une fois, le tâtonnement et le manque de préparation sont au rendez-vous, semant la confusion dans la procédure de dépôt des dossiers. Annoncée et préparée depuis bientôt une année, la publication de ces cahiers des charges fait, toutefois, l'objet d'imprécisions et d'hésitations au moment de leur entrée en vigueur. Particulièrement, la phase d'accueil et de réception des investisseurs. Et pour cause, il leur est clairement refusé la délivrance du fameux récépissé qui détermine, selon l'article 10 de ce même texte, un délai maximal de 30 jours d'attente avant l'obtention de l'autorisation provisoire. Refus de délivrance des récépissés de dépôt de dossier Le prétexte à ce refus, un projet de création d'une plateforme numérique qui aurait dû être prête avant la publication de ce document. Il en est de même pour le comité technique interministériel sensé étudier et donner un avis sur les différents projets proposés par les postulants et qui ne serait pas encore constitué. Les dossiers déposés par Emin Auto concernent aussi bien le volet production industrielle que l'importation et la distribution de véhicules neufs de la marque JAC. Selon des informations recueillies auprès de l'opérateur, des réponses ont été apportées à toutes les exigences du cahier des charges. Le volet industriel couvre en production locale, des étapes aussi importantes que le châssis avec le marquage sur site, du numéro d'identification mondiale propre à l'usine en Algérie (WMI), la carrosserie, la soudure avec une qualité et une précision assurée par une armée de robots, l'atelier de peinture robotisé et un système de contrôle, de vérification et d'essai de nature à réduire à néant les imperfections. À cela s'ajoute la création, dans l'enceinte même de l'usine, d'un réseau de plusieurs unités de sous-traitance en partenariat entre équipementiers chinois et leurs partenaires algériens et qui assureront l'approvisionnement des chaînes de fabrication, dès leur lancement. Le taux de 30% exigé par le texte officiel serait, alors, largement respecté. La capacité de production de ce complexe sera, en rythme de croisière, de l'ordre de 100 000 unités/an avec en bout de chaîne, plusieurs modèles répondant chacun à des applications professionnelles précises. En attendant, et en phase de démarrage, seulement deux modèles seront proposés aux clients, le JAC 1040 S, un camion de moyen tonnage destiné à des utilisations variées, et le tout nouveau Bosseur, un utilitaire léger adapté aux sollicitations professionnelles urbaines et interurbaines. Dans leur conception et leur dotation en équipements et en motorisations, ces véhicules sont préparés à faire face à des conditions d'utilisation extrêmes et une qualité de carburant bien en decà des normes internationales. Des véhicules avec un rapport qualité/prix compétitif Concernant le volet importation de véhicules neufs, la société algérienne Emin Auto a également renouvelé son contrat d'exclusivité avec JAC pour la distribution de sa gamme connue et largement éprouvée par le client algérien, des pick-up, des fourgons, des camions de différent tonnage, etc. Une gamme qui s'est toujours distinguée par un rapport qualité/prix particulièrement compétitif. La société répond également à toutes les conditions énoncées par le cahier des charges relatif à l'activité des concessionnaires, comme les superficies, la propriété des infrastructures, un réseau de 20 agents agréés dans les quatre régions du pays... Il est utile de rappeler que l'usine JAC-Emin Auto fait partie des projets rejetés par les décideurs du régime de Bouteflika, en dépit d'une avancée importante dans les travaux de génie-civil engagés sur site et la préparation des plateformes devant accueillir les structures métalliques ainsi que les équipements. Ceci étant, et même si Emin Auto et JAC sont toujours déterminés à faire aboutir leur projet, dans le respect de la réglementation, il n'en demeure pas moins qu'ils relèvent des incohérences dans le texte relatif surtout à l'activité de concessionnaire, comme l'obligation du dépôt au préalable d'un montant représentant 120% de la facture de la commande auprès de la banque, l'obligation d'un parc sous-douane, l'imposition de quotas... Ainsi, avec le dévoilement du premier postulant aux activités de fabrication et d'importation de véhicules, à l'ombre d'un nouveau dispositif réglementaire, il reste à espérer que la rupture sera totale avec les pratiques anciennes et que l'importance des investissements sera à la hauteur des attentes du citoyen qui reste la seule victime de cet imbroglio qui dure depuis plus de quatre ans. B. Bellil