Au moment où les journalistes et les observateurs s'attendaient à la réduction de la peine du journaliste Khaled Drareni, le procureur de la République près la Cour d'Alger a requis l'aggravation de la peine, en demandant quatre ans de prison ferme. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Une ambiance tendue a régné, hier, à la Cour d'Alger, à l'occasion du procès en appel du journaliste Khaled Drareni, condamné le 10 août par le tribunal de Sidi-M'hamed à trois ans de prison ferme pour «incitation à attroupement» et «atteinte à l'unité nationale». Les journalistes venus couvrir le procès ont été empêchés de faire leur travail et d'accéder à la salle d'audience. Au début, on leur a exigé un ordre de mission pour couvrir le procès, en refusant de reconnaître leur carte professionnelle. Mais une fois ce document ramené, ils étaient surpris par le refus catégorique de leur permettre d'accéder à la Cour pour accomplir leur mission. Devant leur insistance et leur protestation, on a dû faire appel à la force publique pour les «chasser» et évacuer l'entrée du tribunal. Scandalisés par ce traitement inattendu, les journalistes empêchés de faire leur travail se sont mis à scander des slogans appelant à la liberté de la presse et à l'indépendance de la justice. Pendant ce temps, des dizaines de manifestants venus apporter leur soutien au journaliste détenu ont tenu un rassemblement devant la Cour d'Alger, exigeant sa libération. Plusieurs anciens détenus, à l'instar de Fodil Boumala, Hakim Addad et Karim Tabbou, des activistes du mouvement populaire, des militants politiques, des défenseurs des droits de l'Homme et de simples citoyens ont participé à ce rassemblement. Ces manifestants ont scandé, sous l'œil vigilant des services de sécurité, des slogans du mouvement populaire, exigeant la libération de tous les détenus du Hirak. Une minute de silence a été observée à la mémoire du jeune avocat qui a défendu plusieurs détenus du Hirak, Tarek Zedam, décédé tragiquement avant-hier dans un accident de la route. Alors qu'il circulait tranquillement avec sa moto, l'avocat a été fauché par un véhicule de marque Polo qui a pris la fuite, selon plusieurs sources. Le lourd réquisitoire Ce n'est qu'à 14h passée de quelques minutes que le procès en appel de Khaled Drareni a commencé. Dans le même dossier, figurent aussi l'activiste Samir Benlarbi et le militant de l'association SOS Disparus , Slimane Hamitouche, qui, eux, ont bénéficié de la liberté provisoire. Le journaliste emprisonné à Koléa s'est défendu devant le juge et a rejeté les accusations à son encontre, expliquant qu'il a été arrêté et détenu pour avoir fait correctement son travail. «Je ne suis pas là pour avoir travaillé avec un chaîne étrangère, mais parce que j'ai couvert librement le Hirak et j'ai filmé quelques arrestations», a-t-il lancé. Serein, Khaled Drareni a regretté le fait que «le président de la République parle du Hirak béni mais qu'en même temps, les journalistes qui couvrent ce Hirak sont en prison». Il a rappelé qu'il avait couvert également des marches contre le mouvement populaire et sa décision de ne plus couvrir les marches pendant la crise sanitaire. À la surprise générale, le procureur de la République a requis une peine de quatre ans de prison ferme à l'encontre de Khaled Drareni, Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche, et une amende de 50 000 DA, soit une aggravation de la peine prononcé, par le tribunal de Sidi-M'hamed. Un réquisitoire qualifié de «scandaleux» par les journalistes et les manifestants qui se trouvaient toujours à l'extérieur du tribunal. Après ce réquisitoire, les plaidoiries du collectif de la défense, constitué de près de quarante avocats, ont commencé. Dans son intervention, l'avocat Abdelghani Badi a averti que «la sécurité juridique des Algériens est en danger». K. A.