Arrêté en mars dernier en marge d'une manifestation du hirak, Khaled Drareni est poursuivi pour "appel à une manifestation non autorisée" et "atteinte à l'unité nationale". Après plus de quatre mois de détention provisoire, le journaliste Khaled Drareni va finalement comparaître, devant le tribunal de Sidi M'hamed, le 3 août prochain, annoncent ses avocats. Son procès est programmé le même jour que les militants Samir Belarbi et Slimane Hamitouche. Arrêté en mars dernier en marge d'une manifestation du Hirak, Khaled Drareni est poursuivi pour "appel à une manifestation non autorisée" et "atteinte à l'unité nationale". En principe, les quatre mois de sa détention provisoire ont expiré le 26 juillet dernier. Mais comme son dossier devait être programmé avant le 4 août, la justice a gardé le journaliste en détention. Un traitement qui a suscité des interrogations d'autant plus que les codétenus de Drareni, à savoir Slimane Hamitouche et Samir Benlarbi, ont été relâchés à l'occasion du 5 Juillet. Mais les autorités semblent avoir réservé un traitement spécial au correspondant de Reporters Sans Frontières, arrêté dans le même dossier que les deux militants politiques. En plus des deux chefs d'inculpation, des déclarations du chef de l'Etat évoquant une accusation de "collaboration" avec une entité étrangère ont suscité le trouble. Pourtant, les avocats du journaliste sont formels : jamais cette accusation n'a été portée dans le dossier d'instruction de Khaled Drareni. Plus que cela, lors d'une dernière audience, le détenu a même réussi à "bien se défendre", relate un de ses nombreux avocats. "Il a été magistral. Il n'a rien nié et a défendu son droit de travailler comme journaliste. Le juge lui reprochait de travailler pour France 24. Khaled Drareni a nié, rappelant qu'il travaillait pour TV5 Monde", a indiqué une avocate. Plus que cela, devant l'absence de pièces accablant le journaliste, un juge a même pris des images diffusées sur le compte Twitter du journaliste comme étant "envoyées" à la chaîne communautaire TV5 Monde. Khaled Drareni n'avait qu'à ouvrir sa page Twitter pour démonter l'accusation. À quelques jours du procès, les avocats restent optimistes. "On espère qu'il va être libéré dans le cadre des mesures d'apaisement actuelles, surtout que son dossier est vide", a indiqué, hier, Aouicha Bakhti, une de ses avocates. "De toute les façons, il se défend tellement bien qu'il met les juges en difficulté", raconte l'avocate. La détention de Khaled Drareni a suscité une vague d'indignation en Algérie et à l'étranger. Des pétitions appelant à sa libération ont été signées par des journalistes de plusieurs pays. En Algérie, également, des pétitions ont été signées dans ce sens. Mais les demandes de libération provisoire introduites par ses avocats ont été systématiquement rejetées. À l'occasion de la célébration du 58e anniversaire de l'indépendance, plusieurs figures du mouvement populaire ont été libérées. Mais Khaled Drareni a été maintenu en détention, alors que deux autres militants, Slimane Hamitouche et Samir Benlarbi, qui figurent dans le même dossier que lui, ont été relâchés. "Un acharnement", conclut l'avocate Zoubida Assoul. Ali Boukhlef