La vallée des 1 000 Martyrs se meurt. Cette région a connu les affres du terrorisme durant la décennie noire, personne ne pouvait circuler entre Tlemcen et Béni-Snous, les attentats commis dans les faux barrages ont réduit la population à la misère et pourtant, contrairement à d'autres localités, les villageois sont restés fidèles aux champs d'oliviers. Bled Zeitoun a résisté à la horde sauvage et, pourtant, beaucoup de choses restent à faire et même l'olivier, l'arbre sacré de cette contrée amazighe, est en danger. Sans ses oliveraies, la vallée de Béni-Snous ne survivra pas. Cette localité montagneuse, située aux confins de la frontière algéro-marocaine, était le passage obligé des maquisards vers le Maroc. Beaucoup de figures historiques sont passées par les monts des Béni-Snous pendant la Révolution. On peut citer quelques noms comme Chérif Belgacem, Houari Boumediène et bien d'autres.Cette région amazighe de l'Ouest algérien était imprenable, les troupes de l'armée coloniale n'ont jamais pu déloger les éléments de l'ALN, qui activaient entre le Maroc et l'Algérie. Béni-Snous est qualifiée par les historiens de «la vallée des 1 000 Martyrs». Sa population à l'époque coloniale était de 3 000 habitants et a subi le harcèlement des forces coloniales, jusqu'au cessez-le-feu. En visitant les villages ancestraux d'El-Khemis, Béni-Bahdel, d'El-Azaïl, de Tafesra et ceux limitrophes, on a l'impression que le temps s'est figé, depuis la fin de la guerre. Il y a eu, certes, des réalisations pour faire sortir de l'isolement ces populations, qui n'ont jamais quitté leur contrée, à partir de Béni-Bahdel, jusqu'aux confins de Ouled-Larbi, mais des habitations anciennes surgissent du font de cette chaîne montagneuse, une vraie cordillère des Andes. Si la mémoire de ce peuple est restée intacte, c'est grâce aux moudjahidine qui ont survécu. Le tiers des habitants de Béni-Snous a été décimé durant la guerre de Libération nationale lors des grandes batailles de Béni-Achir, en 1956, de Dar-Louh, en 1957, de Djarf-Lahmar, en 1959 ; et celle de Sidi-Yahya. Cependant, c'est la population de Sidi-Larbi qui a payé le prix fort. Le village servait de base arrière aux combattants de l'ALN. Les notables de Béni-Snous réclament une reconnaissance des pouvoirs publics et attendent depuis des années, l'édification du musée en hommage à la vallée des Martyrs, qui n'a jamais eu l'honneur d'abriter des cérémonies officielles. Le nouveau wali n'a pas encore visité la daïra de Béni-Snous, mais ses occupants espèrent que le wali, qui a programmé une visite dans les prochains jours, sera attentif à leurs revendications. Ce sont de vraies zones d'ombre oubliées.Pour rappel, cette vallée de la Haute Tafna a été le berceau du PPA et a donné naissance à un certain Mohamed Lamkami, l'un des responsables du Malg, et Hadj Mohamed Dennouni, l'un des patriarches des Béni-Snous et père du député actuel, le Dr Abdelmadjid Dennouni. Ce dernier s'est beaucoup investi pour le développement de cette région. M. Zenasni