En arpentant les chemins en lacets, menant vers la vallée des Amazighs, on a l'impression qu'on est à mille lieues du monde civilisé. Au pied des monts de Béni-Snouss, les communes d'Azaïl, d'El-Khemis et de Béni-Bahdel, continuent à vivre dans un certain oubli de l'Histoire. C'est notamment le cas des localités de Azaïl, El-Fahs, El-Khemis, Béni-Bahdel, Sid-Larbi, Zahra et bien d'autres hameaux, qui renaissent, après avoir vécu l'horreur des années 90. Les monts de Béni-Snouss s'élèvent majestueusement pour perpétuer une civilisation millénaire. A partir de Béni-Bahdel, on se croirait dans la cordillère des Andes, avec ces habitations accrochées à l'immense chaîne montagneuse, comme au pays aztèque. En cette journée du 18 février, on célébrait la Journée du chahid, quelque part à Tlemcen ; mais à Béni-Snouss, la mémoire du peuple amazigh reste intacte, c'est tous les jours qu'on rend hommage aux 1 000 martyrs, et pour cause, le tiers de la population est tombé au champ d'honneur. Mais qui se souvient aujourd'hui de ces grandes batailles livrées à l'ennemi à Béni-Achir en 1956, à Diar-Ellouh en 1957, à Djarf-Lahmar en 1959 et à Sidi- Yahya en 1960. Le lointain village de Sid-Larbi servait de base arrière aux combattants de l'ALN. Loin du tumulte de la ville, le Dr Mohamed Saridj a animé, en cette journée du 18 février, une conférence ayant pour thème «Ath Snouss, abreuvoir des gloires et grenier des révolutionnaires». Il interpellera un passé lointain, depuis la néolithique supérieure où les habitants de la vallée mystérieuse de la Haute Tafna, non seulement résistaient aux différents colonisateurs, mais réussirent à conquérir la péninsule Ibérique (épopée de Tarik Ibn Ziad). Ce combat amazigh déclenché à partir des petits hameaux (Sid-Larbi, Fahs) ne s'est jamais arrêté et s'est poursuivi de l'autre côté de la frontière, dans les tribus amazighes des Béni Iznassen, qui ont combattu aux côtés de l'émir Abdelkader... La population de Béni-Snouss a payé un lourd tribut pendant la Révolution, plus de 1 000 martyrs tombés au champ d'honneur et une trentaine de victimes du terrorisme. Plusieurs personnalités politiques et ministres (M. Ghazi, ex-ministre du Travail) sont natifs de Béni-Snouss, ainsi que des figures historiques, telles que Mohamed Lamkami, l'un des responsables du Malg, sans oublier, bien sûr, le patriarche des entrepreneurs algériens dans la région : Hadj Mohamed Dennouni (que Dieu ait son âme, et dont les fils restent fidèles à l'esprit de solidarité avec les démunis). La solidarité n'est pas un vain mot à Beni-Snouss, durant les années 1990, alors que l'hiver et un froid polaire isolaient les villages les plus reculés de Sid-Larbi et Taga, les frères Dennouni volaient au secours de leurs proches avec leurs bulldozers pour dégager les routes. Rappelons que l'enfant terrible de Leicester, Ryad Mahrez, natif de Béni-Snouss, vient chaque année retrouver et aider les siens. Un jour, des historiens révéleront certaines vérités, les enfants de Bénis-Snouss (véritable bastion de gauche) ont été les premiers à soutenir le PPA et les luttes ouvrières, les combattants du PCA qui ont rejoint le FLN se souviendront longtemps de la vallée des braves. M. Zenasni