Le procès des deux anciens ministres de la Solidarité nationale, Djamel Ould Abbès et Saïd Barkat, s'est poursuivi, hier dimanche, au tribunal de Sidi-M'hamed, avec le sévère réquisitoire du procureur de la République et les plaidoiries des avocats de la défense. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Djamel Ould Abbès qui a nié, durant son procès ouvert mercredi dernier, toutes les charges retenues contre lui, justifiant les dysfonctionnements, les détournements et la gabegie dans son secteur en les incombant aux instructions du président déchu Abdelaziz Bouteflika, ne donnait pas l'impression d'un homme sous le choc, au prononcé du réquisitoire du procureur de la République. Dans le box des accusés, avec ses co-détenus impliqués dans le détournement de l'argent de la Solidarité qui s'élève à des dizaines de milliards de dinars, il offrait l'image de quelqu'un qui s'attendait à un tel réquisitoire (12 ans de prison ferme et la confiscation des biens mal-acquis) ou plutôt à un réquisitoire encore plus lourd. Avant d'annoncer sa demande, le procureur s'est attardé sur les pratiques des prévenus qui détournaient l'argent de la Solidarité, le donnaient aux associations qu'ils présidaient sans scrupule, en en privant les sinistrés des catastrophes naturelles et les démunis qui étaient censés en être bénéficiaires. Le procureur de la République a, en effet, requis une peine de 12 ans de prison ferme, assortie d'une amende de 1 million de dinars avec saisie de tous les revenus et fonds illégaux, à l'encontre de Djamel Ould Abbès. Il a requis une peine de 10 ans de prison ferme et la même amende pour Saïd Barkat, avec saisie de tous les revenus et fonds illégaux. Ces deux anciens ministres de la Solidarité nationale sous le régime de Bouteflika étaient poursuivis pour dilapidation de deniers publics et conclusion de marchés en violation de la législation en vigueur. Le parquet a également requis une peine de 10 ans de prison ferme et une amende de 1 million de DA à l'encontre du président de l'Organisation nationale des étudiants, Hamza Chérif, qui occupait également le poste de chargé d'études et de synthèses au ministère de la Solidarité, poursuivi dans la même affaire pour dilapidation de deniers publics. 8 années de prison et une amende de 1 million de DA ont été également requis à l'encontre de l'ancien secrétaire général du ministère de la Solidarité nationale, Khelladi Bouchenak. Le procès s'est poursuivi avec les plaidoiries des avocats de la défense qui ont qualifié le réquisitoire de «sévère». Ce qui avait frappé dans le procès de Djamel Ould Abbès, convoqué également comme témoin dans l'affaire du député Baheddine Tliba concernant l'élaboration des listes électorales du parti FLN lors des élections législatives de 2017, ce sont les révélations relatives aux sommes vertigineuses accordées à des associations que présidait le ministre lui-même. Des fonds ont été détournés et l'accusé a, tout au long de son procès, tenté de justifier ses actes en défendant tantôt leur légalité en les attribuant, tantôt aux instructions présidentielles. Il avait alors expliqué que le système politique algérien est conçu, depuis l'indépendance, de telle manière que les instructions présidentielles sont appliquées sans aucune forme de retenue. «Depuis l'indépendance, il n'y a qu'un seul ministre qui a démissionné pour désaccord avec le Président : c'est Ahmed Benbitour», avait-il argué, pour justifier sa docilité. K. A.