Le Bayern Munich, sacré roi de la Ligue des champions en août, poursuit ce soir son inlassable quête de titres contre Séville à Budapest, pour une Supercoupe d'Europe qui devait signer le grand retour des supporters en tribunes mais reste menacée par le Covid-19. Comme lors du «Final 8» de la C1 à Lisbonne à la fin de l'été, il y aura dans la capitale hongroise un immense favori sur la pelouse, le Bayern et ses stars, opposés jeudi soir (18h) à Séville, lauréat de la Ligue Europa en Allemagne le mois dernier. Mais au contraire des travées portugaises en août, les tribunes du flambant neuf stade Puskas de Budapest, l'une des douze enceintes programmées pour l'Euro en juin 2021, ne seront pas dégarnies: pour la première fois depuis la fin de l'hiver, un match européen rouvre ses portes à un public nombreux. Quelque 30% des 68 000 places que compte l'enceinte ont, en effet, été mises en vente, soit environ 20.000 spectateurs initialement attendus par l'Uefa, qui voulait faire de sa grand-messe de rentrée un «match test» pour le retour tant espéré des chants et de l'ambiance après des mois de huis clos et de silence. Mais une fois de plus, l'instance européenne a été rattrapée par une pandémie de nouveau coronavirus loin d'être maîtrisée, et le «match test» est désormais plutôt un match de la peur, malgré de drastiques mesures sanitaires prises par les organisateurs (tests PCR négatifs exigés, prise de température, masques, distanciation...). «Vague d'infections» ? Car la Hongrie ne fait pas exception dans une Europe toujours sévèrement touchée: le virus y circule activement, ses frontières sont fermées hormis pour les voyages d'affaires ou événements exceptionnels, et le pays est classé «zone à risque» sanitaire par plusieurs nations européennes, dont... l'Allemagne. Dès lors, il a été difficile de convaincre les supporters bavarois de se lancer dans ce périlleux déplacement, d'autant plus que celui-ci leur imposait d'effectuer un test virologique avant leur arrivée, et un autre à leur retour en Allemagne à moins de respecter une quarantaine de deux semaines... Le chef du gouvernement régional de Bavière, Markus Söder, s'est, d'ailleurs, publiquement inquiété en début de semaine, indiquant qu'un déplacement dans la capitale hongroise n'était «pas raisonnable». «Nous ne pouvons pas prendre de risque avec 2 000 ou 3 000 personnes qui sans doute, et c'est compréhensible, se prendront dans les bras dans une grande liesse. Nous aurons alors une gigantesque vague d'infections», a-t-il mis en garde. Conséquence : quelque 800 supporters bavarois ont rendu leur ticket pour Budapest et ils ne seront que 1 300, selon l'Uefa, à faire le déplacement. Du côté du Séville FC, récent vainqueur de la Ligue Europa, 500 fans sont attendus, sur les 3 000 places initialement réservées par l'Uefa pour chaque délégation. «Le Bayern Munich a tout intérêt à ce que ce match ne devienne pas l'Ischgl du football», a déclaré Karl-Heinz Rummenigge, le président du club bavarois à la chaîne de télévision ZDF en référence à la station de sports d'hiver autrichienne d'Ischgl, surnommée «l'Ibiza des Alpes» pour ses soirées débridées, et considérée en mars comme l'un des premiers foyers du coronavirus en Europe. 22 victoires d'affilée Pour Munich, il faut donc se résoudre à disputer la rencontre, se réjouir d'avance du (maigre) soutien promis aux multiples champions d'Europe depuis les tribunes, et espérer, surtout, que l'événement ne devienne pas une «Super Spreader Cup» («Coupe des super-contaminateurs»), comme l'évoquait le quotidien allemand Bild mardi. L'autre sujet venu noircir un peu plus le tableau sera l'état de forme de la superstar Robert Lewandowski: le Polonais, victime d'un coup à une cheville, ne s'est entraîné qu'une douzaine de minutes mardi... A part ça, le Bayern semble prêt, malgré l'absence du héros de Lisbonne Kingsley Coman, mis en quarantaine après avoir été en contact avec une personne positive au Covid-19. Le club champion d'Allemagne a écrasé Schalke en ouverture de la Bundesliga vendredi (8-0), signant là une 22e victoire d'affilée, série qui tient depuis le mois de février avec entretemps la conquête de la Bundesliga, de la Coupe d'Allemagne et de la Ligue des champions, pour garnir l'armoire à trophées du «Rekordmeister». En face, Séville arrive également en confiance - 21 matchs sans défaite de suite -, mais sans repères: les Andalous, ménagés par la Ligue espagnole lors des deux premières journées de championnat en raison de leur parcours en Ligue Europa, n'ont pas encore repris la compétition.