La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, maintient sa position vis-à-vis du référendum constitutionnel de 2020, prévu pour le 1er novembre prochain. Fidèle à elle-même, la cheffe de parti n'y est pas allée de main morte pour exprimer son désaccord sur la question. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Elle y voit une énième manœuvre du pouvoir en place, dont l'unique volonté est de se maintenir. « Cette campagne menée par le régime à sens unique n'a qu'un seul but, obtenir le oui qui le légitimerait», a-t-elle soutenu, hier vendredi, à l'occasion de la session du comité central de son parti, organisée à la bibliothèque communale d'El Harrach. Dénonçant ce qu'elle dit être une politique du fait accompli, Louisa Hanoune juge qu'il est « surréaliste » que de parler d'une constitution, lorsqu'on sait pertinemment « que celle-ci n'émane aucunement de la volonté du peuple ». Selon elle, une Constitution qui n'est pas le fruit d'un débat libre et inclusif, ne peut être baptisée comme telle. Au-delà de cet élément, la SG du parti a manifesté une certaine perplexité quant au timing de la tenue du référendum en question. Qui plus est « au moment où tous les rassemblements sont interdits », s'est-elle ainsi étonnée. Louisa Hanoune pointe, par ailleurs, du doigt, le fait que cette loi fondamentale du pays ne soit plus modulable. Un point, dit-elle « qui discrédite davantage les instigateurs de la révision de cette Constitution ». Pour la cheffe du PT, cette manière d'opérer, propre à nos dirigeants, « nous laisse peu d'optimisme », lançant dans la foulée « les visages des décideurs ont changé certes, mais les pratiques restent malheureusement les mêmes ». S'adressant aux membres de son parti, Louisa Hanoune a, dans ce sens, dépeint une situation socio-économique des plus affolantes. Elle en impute l'entière responsabilité à « ce régime qui a su se régénérer». Louisa Hanoune considère qu'aujourd'hui, les revendications portées par le mouvement populaire du 22 février sont loin d'être réalisées. «La classe moyenne est encore plus fragilisée qu'en temps normal du fait du Covid-19 », a-t-elle observé, précisant au passage qu'elle a été livrée à elle-même et que « l'Etat n'a pas daigné bouger le petit doigt ». Suivant cette ligne, Louisa Hanoune a encore dénoncé « la gestion chaotique de la pandémie par les autorités ». Chose qui a, d'après elle, «plongé le pays dans une misère noire ». Elle ne comprend pas pourquoi, malgré la décroissance des cas de contamination, « aucune date n'ait été fixée pour les rentrées scolaire et universitaire ». Elle se dit tout autant interloquée par le maintien de l'interdiction des transports de voyageurs interwilayas, situation qui « génère de grandes contraintes pour les citoyens et non moins pour l'économie du pays ». Ce qui soulève bien des questionnements, a-t-elle souligné. À mon sens, « le pouvoir en place profite clairement du contexte sanitaire pour restreindre les libertés individuelles et populaires », dans l'espoir de les étouffer entièrement. La cheffe de parti a, en outre, dénoncé avec le même entrain « le recours systématique à la répression et aux arrestations arbitraires qui finissent en général, par des procès expéditifs », appuie-t-elle. Celle-ci se dit révoltée de voir des militants du Hirak, des journalistes ainsi que d'autres activistes, « se faire arrêter à tout-va et être condamnés pour des chefs d'accusation aussi aberrants qu'infondés ». Elle considère que cette façon de faire du régime « se retournera inévitablement contre lui et ne fera qu'exacerber la colère du peuple qui n'est toujours pas atténuée». Pour Louisa Hanoune, le mouvement du 22 février n'a pas encore dit son dernier mot. Elle rappellera, d'ailleurs, que l'irritation de la population commence à devenir palpable, se traduisant par des actions en chaîne dans différents secteurs. Elle évoquera dans ce sillage, le courroux des travailleurs de l'entreprise algérienne Numilog de Béjaïa, qui ont récemment observé un rassemblement en guise de contestation. Une action d'envergure que Louisa Hanoune perçoit comme une sonnette d'alarme. « Elle indique la voie à suivre pour préserver les acquis des travailleurs», poursuit-elle. M. Z.