Soumise à une "politique de décadence" et de "régression", l'Algérie n'est pas à l'abri d'une "somalisation", a mis en garde, hier à Alger, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune. Devant les cadres de son parti de la wilaya d'Alger, en présence des têtes de liste des wilayas du Centre, réunis à la bibliothèque de Belfort (El-Harrach), Louisa Hanoune a pointé du doigt le régime dont la responsabilité dans la situation actuelle du pays est entièrement engagée. "Ce régime devait partir en 1988. Son maintien a fait payer au pays un prix fort. Aujourd'hui, il menace le pays à la manière (...) d'une somalisation", a-t-elle dit. Et ce ne sont pas les griefs qui manquent : délabrement du tissu social, des institutions, un code du travail discriminatoire, la prédation, la corruption, crise morale et politique, politique d'austérité. C'est pourquoi la campagne électorale dont elle a donné des "éclairages sur les objectifs politiques" sera axée essentiellement à "défaire" les arguments de ceux qui claironnent que la crise est due "à la chute des prix du pétrole". "Nous allons répondre à ceux qui disent que la crise est la conséquence de la chute des prix du pétrole. La crise est due à la prédation et au siphonage de l'argent public par l'oligarchie et les mafias", dit-elle. "Elle est liée, ajoute-t-elle, à la discrimination entre les Algériens vis-à-vis du recouvrement des impôts et à la corruption." "On va prouver que si on lutte contre ces dérives, on peut contenir la crise et éviter l'austérité", assure-t-elle. Et d'ores et déjà, elle avance quelques propositions, comme le retour au monopole de l'Etat sur le commerce extérieur. "La généralisation de la licence d'importation est une chose positive, mais elle ne met pas fin au monopole du privé. Pourquoi pas un monopole de l'Etat sur le commerce extérieur, du moins temporairement, pour maîtriser le marché ?", propose-t-elle. Concernant la spéculation et la hausse des prix sur le marché, elle estime que "l'Etat, seul, est en mesure de réguler le marché à travers le plafonnement des marges bénéficiaires des commerçants et par l'inondation du marché". Au chapitre politique, Louisa Hanoune a dénoncé le business des signatures et accusé les partis du pouvoir d'être "responsables de la collusion entre l'argent sale et la politique". "On attend que les services de sécurité et la justice sévissent contre les corrompus et les corrupteurs", dit-elle. En revanche, elle se félicite de ce que Tizi Ouzou soit le lieu des manifestations pacifiques, en référence à la récente marche à l'appel des syndicats autonomes. "C'est bien que Tizi Ouzou, car les conditions s'y prêtent, soit le lieu des manifestations pacifiques. On soutient la lutte des travailleurs. Cela prouve que dans toutes les wilayas, il est possible de manifester pacifiquement." La SG du PT, dont la campagne sera "patriotique", mais pas "dogmatique", ni "idéologique", a lancé un appel aux jeunes et aux travailleurs pour "défaire les prédateurs internes et externes" lors des prochaines élections même si elle considère "qu'elles sont biaisées". "On souhaite (lors de l'élection) la sanction des partis responsables de la décadence et de la régression." Une élection "charnière qui peut être un référendum contre la politique de la décadence, de la régression et de la prédation", souhaite Hanoune. Un conseil national élargi est prévu pour la fin de la semaine prochaine. Il y sera question de la campagne et de son financement. Les têtes de liste prêteront également serment, comme le veulent les traditions de la maison. Karim Kebir