Pour la secrétaire générale du Parti des travailleurs, l'urgence de l'heure réside dans la prise en charge "immédiate" des besoins sanitaires et socioéconomiques des citoyens. Le vote sur la future loi fondamentale le 1er novembre prochain, tel que décidé par le chef de l'Etat, n'est pas une priorité, selon Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT). C'est ce qu'elle a souligné, hier, à l'ouverture de la réunion du bureau politique de son parti. Dans son discours, Mme Hanoune n'y est pas allée par trente-six chemins pour dénoncer la décision du président Tebboune d'organiser un référendum sur la Constitution. "Le 1er Novembre doit rester éternellement et exclusivement comme la célébration du déclenchement de la lutte armée contre le colonialisme, afin d'opérer la rupture définitive et totale avec le système colonial", a-t-elle souligné, ajoutant que le procédé choisi pour engager le projet met le peuple devant le fait accompli. "Le contexte choisi pour le vote, à savoir le contexte politique et socioéconomique, relève de la politique du fait accompli", a-t-elle dénoncé, tout en expliquant que le peuple "n'a ni assisté ni participé à l'élaboration du texte", et que de ce fait, ce texte "ne sera pas l'émanation du peuple". "Le débat qui a eu lieu a réuni ceux qui veulent le sauvetage et le replâtrage du système", a encore dénoncé Louisa Hanoune, estimant que ceux qui pensent que la révolution s'est estompée "ont tort". "Les révolutions sont un processus. Nul ne saura quand elles se déclencheront, s'arrêteront ou reprendront", a-t-elle dit, prévoyant un retour aux manifestations du fait de "la misère sociale" qui va "engendrer la révolution". "Pour le PT, qui part des aspirations de la majorité, les urgences sont la prise en charge immédiate des besoins sanitaires et socioéconomiques des citoyens", a-t-elle estimé. Parmi ses priorités de l'heure, Louisa Hanoune a également appelé "à ce que cesse l'abus de la détention préventive", qui, selon elle, est "une violation de la loi". Concernant la Constitution, Louisa Hanoune a souligné que "seul le peuple est habilité à décider des futures institutions, à travers un large débat démocratique, avec une libération de la parole et de la presse". Elle a précisé que seul le peuple est habilité à définir l'identité de l'Etat et à choisir ses représentants. Très critique vis-à-vis du pouvoir en place, Louisa Hanoune a dénoncé les amendements "liberticides" contenus dans le code pénal. "Ce sont des amendements adoptés par le Parlement de l'ancien pouvoir et avec lesquels l'actuel travaille", a-t-elle dit. Elle a soutenu que face à cette situation "intenable", le pouvoir "ne donne aucun signe d'apaisement". Abordant la question des libertés, la patronne du PT a appelé à la libération des détenus et à l'arrêt des arrestations de journalistes et d'activistes politiques. Faisant référence à Khaled Drareni et à Abdelkrim Zeghilèche, elle déclare : "C'est la criminalisation de l'action politique et journalistique." Mme Hanoune ajoute que les deux détenus n'ont fait que leur travail. "Il est tout de même étonnant que l'on condamne un journaliste à 3 ans de prison ferme, et un baron de la drogue à 4 ans", a souligné la SG du PT, avant de se demander quelle destination prend le pays. "Se dirige-t-on vers une nouvelle République démocratique ou vers une dictature ?", s'est-elle interrogée, avant de tenter d'ébaucher quelques réponses. "Le pouvoir a montré qu'il a une volonté de caporaliser la vie politique et la vie associative", a accusé Mme Hanoune. "Ce sont des agents de l'Etat qui encouragent la création des associations et des partis", a-t-elle estimé, ajoutant que "lorsque l'administration s'en mêle et qu'un représentant de l'Etat se réunit avec les associations, il y a péril en la demeure". Elle a également dénoncé "la courtisanerie et le clientélisme" qui sont les signes de la "corruption politique". Sur un autre volet, Louisa Hanoune a dénoncé l'accord d'association avec l'Union européenne, avant d'appeler les autorités à rompre cet accord qu'elle a qualifié "d'hégémonique".