Réuni hier matin, le bureau de l'APN a fixé la séance de vote pour la levée de l'immunité parlementaire de deux députés, à savoir le président du RCD, Mohcine Belabbas, et Abdelkader Ouali à mardi prochain, soit le 20 octobre en cours. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le président du RCD, qui recevait hier l'ambassadeur du Mexique au siège du parti à Alger, connaîtra son sort ce 20 octobre, à l'occasion du vote des députés pour la levée ou non de son immunité parlementaire. La même opération concernera également le député Abdelkader Ouali qui a été déjà sauvé par ses collègues il y a quelques mois qui ont voté contre la levée de son immunité. Le ministère de la Justice avait demandé, fin septembre, de dépouiller les deux parlementaires de leur immunité en vue de les traduire devant la justice. Si Abdelkader Ouali est demandé par la justice pour des affaires de corruption qui ont éclaboussé plusieurs personnalités du clan du Président déchu, le président du RCD est officiellement demandé pour une affaire de décès d'un ouvrier marocain, il y a plus de deux ans, dans une résidence privée qui était alors en chantier. Mohcine Belabbas qui a dénoncé une cabale politique contre son parti, accusant le pouvoir de vouloir lui faire payer ses positions politiques, avait refusé de se présenter devant la commission des affaires juridiques, administratives et des libertés de l'APN, dans le cadre de l'examen de la demande du ministère de la Justice. Le 7 octobre, cette commission, présidée par le député FLN de Mostaganem, Abdelhamid Si Afif, a auditionné Abdelkader Ouali qui s'est exprimé sur les charges qui lui sont reprochées, refusant de renoncer à son immunité parlementaire. La commission a pris acte du refus du président du RCD de se présenter pour l'auditionner. Son parti, les membres du PAD, des avocats, des organisations de la société civile et des personnalités ont exprimé leur soutien au président du RCD, cataloguant cette affaire dans le registre des attaques contre les libertés de manière générale et le multipartisme en particulier. Lors de son dernier conseil national, interdit par l'administration, le RCD a expliqué que l'interdiction de cette réunion et la demande de levée de l'immunité parlementaire de son président « sont l'illustration parfaite de la stratégie du pire » du pouvoir. « Il s'agit dans cette opération de neutraliser le RCD pour ouvrir la voie à une hypothétique reconfiguration autoritaire de la scène nationale », a soutenu le parti. Mais la question qui se pose, d'ores et déjà, est de savoir quelle sera la réaction des députés mardi prochain, surtout que le vote sera secret et non à main levée ? Vont-ils refuser de livrer le président d'un parti politique de l'opposition aux griffes de la justice tout en sachant, au fond d'eux-mêmes, que l'affaire est politique ? Vont-ils lui retirer l'immunité sans état d'âme ? Toute la question est là et au RCD, les cadres du parti ne perdent pas espoir de voir les parlementaires voter « par principe » contre la levée de l'immunité parlementaire de Mohcine Belabbas. En tout cas, estiment les observateurs, les députés perdront leur immunité automatiquement après la dissolution de l'Assemblée qui ne tardera pas, afin d'ouvrir la voie aux élections législatives anticipées, prévues dans les prochains mois. Selon toute vraisemblance, ces élections auront lieu après le référendum du 1er novembre, la révision de la loi électorale et l'adoption de la loi de finances pour 2021. K. A.