Deux demandes de levée d'immunité parlementaire ont été introduites cette fin de semaine auprès de l'APN. Elles seront étudiées par une commission spécialisée avant de faire l'objet d'un vote qui déterminera le sort des deux députés concernés. Abla Chérif - Alger (Le Soir) - La première demande était totalement inattendue et concerne le président du RCD, qui a appris la nouvelle comme le reste de l'opinion publique. Officiellement, on ignore encore les raisons qui ont motivé cette démarche puisque Mohcine Belabbas n'a pas encore reçu la lettre dans laquelle sont normalement contenues les informations relatives à l'affaire le concernant. Hier vendredi, durant le conseil national tenu par le RCD, il a été fait brièvement état de la situation, et décision a été prise de laisser le CN ouvert pour suivre le développement du dossier. Aucune réaction officielle du parti n'a été rendue publique depuis cette annonce, mais en réponse aux journalistes qui l'ont interrogé hier, Mohcine Belabbas a qualifié l'affaire de «cabale politique contre le parti». Cette affaire a suscité énormément de réactions sur les réseaux sociaux où partisans du RCD et citoyens s'interrogent, décrient, dénoncent ce qu'ils considèrent comme étant une épreuve supplémentaire infligée à un homme engagé dans une lutte sans merci pour un changement tel que le conçoit le Hirak. Présent au premier front à la tête des manifestations qui ont démarré le 22 février 2019, Mohcine Belabbas a imputé les nombreux ennuis auxquels il a eu à faire face à cet engagement et les interprète comme des pressions exercées à son encontre. L'une des affaires en question se trouve d'ailleurs depuis plusieurs mois entre les mains de la justice. Elle est liée au décès d'un ressortissant étranger travaillant sur le chantier d'une construction privée. Les faits sont survenus au début des années 2000, mais le dossier a été réactivé en juin dernier, date à laquelle le parquet d'Alger a rendu public un communiqué précisant que la victime «n'avait pas d'autorisation de travail». Durant la même période, le président du RCD a été convoqué par la gendarmerie qui l'a écouté. La seconde demande de levée d'immunité parlementaire concerne l'ancien ministre des Travaux publics, Abdelkader Ouali. Les avocats de ce dernier se sont dit eux aussi étonnés de la démarche entreprise, et affirment que le concerné n'a, lui aussi, rien reçu pour le moment. Ce que ne comprennent pas les membres de son collectif de défense est que Abdelkader Ouali a déjà fait l'objet d'une demande similaire en février dernier. Cette demande a été rejetée lors d'un vote des députés qui se sont exprimés majoritairement (201 voix pour et 43 contre) contre la levée de l'immunité parlementaire de Abdelkader Ouali. Ce dernier est poursuivi pour des faits qui remontent à 2008, alors qu'il occupait la fonction de ministre des Travaux publics. Ce dernier a été déjà convoqué par la Cour suprême où le juge d'instruction a ensuite adressé aux instances compétentes une correspondance faisant état de l'immunité parlementaire dont jouissait le concerné. Hier vendredi, ses avocats s'interrogeaient, de ce fait, sur les raisons qui ont motivé l'introduction d'une nouvelle demande du genre. Pour l'heure, aucune information n'indique si cette demande concerne un nouveau dossier ou l'ancienne affaire. Ce qu'il faut savoir est que les multiples demandes du même genre introduites par le ministère de la Justice ont induit une situation peu ordinaire au sein de l'APN où les députés avaient décidé, en mars dernier, de ne plus voter en faveur du retrait de l'immunité de leurs collègues sans que des preuves suffisantes soient présentées. A. C.