Le procès en appel du patron du groupe Sovac, Mourad Oulmi, poursuivi dans l'affaire liée au montage automobile et condamné à 10 ans de prison ferme en première instance, a repris, hier samedi, à la cour d'Alger avec les plaidoiries de la défense. Après un bras de fer qui a duré plusieurs jours, opposant la cour d'Alger à l'Ordre des avocats de la capitale, ces derniers ont réussi à « arracher » la poursuite des plaidoiries alors que le verdict dans l'affaire, prévu le 30 septembre dernier puis reporté au 10 octobre, n'a pas été encore prononcé. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Les avocats de Mourad Oulmi, son frère Khider et l'ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia, ont ainsi poursuivi les plaidoiries dans ce procès en appel qui avait pris une autre tournure le 24 septembre suite à l'incident entre le bâtonnier d'Alger, qui demandait le report des plaidoiries, et le juge qui avait refusé d'accéder à sa demande. Me Selini a été pris de malaise et un bras de fer, avec une suspension du travail judiciaire de la défense, s'en était suivi. Le juge avait arrêté la date du 30 septembre pour prononcer le verdict. À cause de la grève des avocats, il a été reporté au 10 octobre avant que la décision de la poursuite des plaidoiries ne soit prise. Les plaidoiries d'hier ont été entamées par l'intervention de Bouchoucha Bachir qui a évoqué « des irrégularités » dans le procès avant de demander l'acquittement de son client, Mourad Oulmi, poursuivi pour des chefs d'accusation en lien avec la corruption, notamment blanchiment d'argent, corruption, abus de pouvoir et pression sur des fonctionnaires publics pour l'obtention d'indus avantages. L'ancien président-directeur général du Crédit populaire d'Algérie (CPA), Omar Boudiab, et des cadres de cette banque et du ministère de l'Industrie, Ahmed Ouyahia qui a suivi les plaidoiries à partir d'Abadla (Béchar) où il est détenu, et l'ancien ministre de l'Industrie, Youcef Yousfi, sont impliqués dans cette affaire. En première instance, Mourad Oulmi est condamné à 10 ans de prison ferme. Dès le départ, Me Bouchoucha a affirmé que le dossier était vide et que rien ne prouve les accusations à l'encontre de son client. « La condamnation en première instance à 10 ans de prison est très sévère, vu ce que contient le dossier », a-t-il lancé, ajoutant qu'il n'a trouvé aucune trace à 18 documents (décisions techniques) auxquels le dossier fait référence. Selon lui, Mourad Oulmi « a respecté toutes les procédures légales » dans ses actes d'investissements, affirmant que dans ses démarches, « il avait fait exactement ce que Renault avait fait ». L'avocat s'est employé également à « démonter » la relation « suspecte » entre son client et l'ancien ministre de l'Industrie, Abdeslam Bouchouareb, actuellement en fuite à l'étranger. Ahmed Hadj Nacer a dénoncé, lors de sa plaidoirie, « une punition » affligée à l'ancien patron de Sovac « à cause de ses ambitions ». Puisant dans la morale, la religion et le droit, il a tenté de prouver l'innocence de son client, soulignant que « Mourad Oulmi était un opérateur économique et non un trabendiste». Il est allé jusqu'à évoquer une implication de la France qui voulait empêcher la réussite et le développement d'un constructeur Allemand en Algérie surtout que « le projet visait des exportations de l'ordre de 1,5 milliard d'euros annuellement ». « Ils ne voulaient pas que quelqu'un concurrence Renault et Peugeot », a-t-il lancé, expliquant, afin de contester l'accusation de blanchiment d'argent, que « les dividendes de Sovac n'avaient pas été répartis mais orientés vers l'investissement ». Hadj Nacer a plaidé l'innocence de son client, en affirmant qu'il a confiance en la justice algérienne « malgré certaines contingences », en allusion, nous a-t-il expliqué, à l'incident qui a émaillé l'audience du 24 septembre dernier. À rappeler, enfin, que le procureur général près la cour d'Alger avait requis une peine de 15 ans de prison ferme contre Ahmed Ouyahia et 10 ans de prison ferme contre Youcef Yousfi assortie d'une amende de 2 millions de DA chacun. Des peines de 15 et 12 ans de prison ferme ont été requises respectivement contre Mourad Oulmi, patron du groupe Sovac, et son frère cadet Khidher Oulmi. Le procureur a requis une peine de 3 ans de prison ferme avec une amende d'un million de DA contre Omar Boudiab et des cadres de la banque et de l'industrie, impliqués dans l'affaire. Il a été aussi demandé la saisie des biens et le gel des activités des filiales du groupe Sovac représentées dans le procès par des personnes morales avec une amende de 32 millions de DA pour chacune. K. A.