Le président du RCD, Mohcine Belabbas, a perdu, hier mardi, son immunité parlementaire à l'issue d'un vote à bulletins secrets des députés de l'APN. Il s'agit de la dernière étape de la procédure de la levée de l'immunité, demandée par le ministère de la Justice fin septembre dernier, avant sa présentation devant la justice. Le député du FLN, Abdelkader Ouali, dont la levée de l'immunité a été demandée également par le département de Belkacem Zeghmati, a renoncé à son immunité avant le début du vote. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Comme prévu donc, les députés majoritairement du FLN et du RND qui se sont présentés, hier matin, à l'APN, ont voté « oui » pour la levée de l'immunité parlementaire au président du RCD, Mohcine Belabbas. Ainsi, 242 députés ont voté « oui », 70 ont dit « non », et 22 autres députés se sont abstenus, selon des sources parlementaires. Le président du RCD est demandé par le ministère de la Justice pour une affaire de décès, il y a plus de deux ans, d'un ouvrier marocain dans sa maison qui était alors en chantier. Il a déjà répondu à une convocation de la Gendarmerie nationale dans le cadre d'une enquête sur l'affaire mais il avait refusé de se présenter devant la commission des affaires juridiques, administratives et des libertés de l'APN, dans le cadre de l'examen de la demande du département de Zeghmati. Mohcine Belabbas, qui ne nourrissait pas d'illusion quant à l'éventualité de voir les députés des partis du pouvoir dire « non » à la demande du ministère de la Justice, avait dénoncé une « cabale politique » qui le ciblait et qui ciblait aussi son parti, le RCD, à cause de ses positions politiques. Hier encore, il ne s'est pas présenté à l'APN pour assister au vote. Les membres de son parti aussi n'ont pas fait le déplacement à la rue Zighoud-Youcef. Des députés du parti se sont déplacés plutôt à Batna pour assister au procès et apporter leur soutien à un militant du parti présenté devant le tribunal de Merouana. Ce parti membre des forces du Pacte de l'alternative démocratique (PAD) qui prône une transition démocratique à travers un processus constituant a condamné une volonté du pouvoir « de neutraliser le RCD pour ouvrir la voie à une hypothétique reconfiguration autoritaire de la scène nationale ». La demande du ministère de la Justice a suscité une vague d'indignations et de dénonciations de la part des partis politiques de l'opposition, des organisations de la société civile et de plusieurs personnalités. Abdelkader Ouali renonce à son immunité Le deuxième député concerné par la séance du vote pour la levée de son immunité parlementaire est celui du FLN, Abdelkader Ouali, ancien ministre des Travaux publics. Ce dernier a annoncé sa décision de renoncer à l'immunité avant le début du vote, revenant ainsi sur son choix du 7 octobre, en refusant de renoncer à son immunité devant la commission des affaires juridiques de l'APN qui l'auditionnait. Ancien ministre de Bouteflika et ancien wali, Ouali fait partie d'une liste de plusieurs députés du parti FLN dont la levée de l'immunité parlementaire a été demandée. À la tête de ces députés, figurent l'ancien secrétaire général du FLN, Mohamed Djemaï qui a été condamné à une année de prison ferme, et Bahaeddine Tliba, actuellement en détention. Djemaï a quitté la prison d'El-Harrach récemment après avoir purgé sa peine. Abdelkader Ouali avait déjà échappé à la levée de son immunité lorsqu'il était demandé la première fois par le ministère de la Justice. En effet, début mars dernier, les députés avaient voté « non » à la levée de son immunité parlementaire, lui accordant ainsi un sursis qui aurait duré un peu plus de sept mois, avant de voir le même ministère relancer sa demande pour des faits liés à la corruption. K. A.