Reporté une première fois, le décret fixant les modalités de contrôle technique, administratif et de sécurité des substances et médicaments ayant des propriétés psychotropes sera applicable dès le 3 novembre prochain. Il suscite un grand débat en raison des nouvelles contraintes imposées aux médecins prescripteurs, mais également de ce que ces derniers qualifient de violation du secret médical. Le SNML dit être en attente de la liste des médicaments classés comme ayant des effets psychotropes. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Le délai de six mois réclamé par le Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo) arrive à échéance le 3 novembre, date de l'entrée en vigueur du décret fixant les modalités de prescription et de délivrance des médicaments ayant propriétés de psychotropes. Avant même que les nouvelles dispositions ne soient applicables tant au médecin qu'au pharmacien, le débat bat son plein. Pour les psychiatres, principaux concernés, ce décret ne va pas réduire la surconsommation des psychotropes. Autres griefs retenus, la violation du secret médical mais également les contraintes « administratives » imposées aux médecins, sans compter la stigmatisation des patients qui auront désormais une ordonnance de couleur différente. En effet, selon l'article 16 dudit décret, « la prescription des substances et médicaments ayant des propriétés psychotropes doit être rédigée sur une ordonnance établie en trois exemplaires de couleurs différentes : blanche, jaune et rose. Les exemplaires de couleurs blanche et jaune sont remis au patient. L'exemplaire de couleur rose doit être conservé par le médecin prescripteur pour une durée de deux années ». L'article 20, quant à lui, stipule que « tout médecin prescripteur doit enregistrer ses prescriptions sur un registre ouvert à cet effet, coté et paraphé par le directeur de la santé et de la population de la wilaya, pour les médecins exerçant dans les structures et établissements privés de santé, et par le directeur de l'établissement de santé pour les médecins exerçant dans les établissements publics de santé. Il est conservé pendant cinq ans ». L'article 25 institue qu'« un contrôle périodique et inopiné est effectué par les médecins et les pharmaciens inspecteurs ». Qu'en pense le président du Syndicat national des médecins libéraux (SNML) ? Le Dr Benbraham affirme avoir ouvert le débat au sein des adhérents du syndicat, notamment les psychiatres qui sont invités à avancer leurs arguments loin de tout « conflit intestinal avec les autres syndicats ». Il rappelle qu'à l'époque de la promulgation du texte, « il n'y avait pas eu de débat en dehors de l'intervention de quelques psychiatres qui avaient relevé quelques soucis de forme, en raison des contraintes administrative et de leur nature chronophage ». À ceux qui évoquent le respect du secret médical, le Dr Benbraham estime que ce dernier sera respecté, puisque seuls des médecins ou pharmaciens inspecteurs pourront consulter les registres tenus par les médecins. Cela s'apparente, dit-il, à une « consultation partagée ». Un grief, cependant, retenu par le président du SNML, c'est celui relatif à l'absence de la liste de psychotropes. Cette liste aurait dû, dit-il, figurer sur le décret puisque c'est cette dernière qui «fera la différence. C'est cette liste qui servira pour le magistrat au moment de faire appliquer la loi. La liste aurait dû se trouver sur le Journal officiel et que ça devienne la règle de pratique. C'est la marge entre le légal et l'illégal ». Et d'ajouter : « Il faut se référer au droit international. L'Algérie a signé la Convention de Vienne 1971 fixant la liste des psychotropes qui n'est pas une liste algérienne.» N. I.