Sur les trois écoles retenues à Alger, comme échantillon d'observation des conditions dans lesquelles s'est déroulée, hier mercredi, la rentrée scolaire du palier du primaire, c'est le sentiment d'appréhension et de doute qui a prévalu. Ce qui était visible sur les visages de l'ensemble des parents rencontrés. Les portes des écoles ont effectivement rouvert pour le compte de la rentrée scolaire 2020-2021, mais l'esprit d'antan n'y était pas. Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - Sur le plan de l'encadrement pédagogique en charge du protocole sanitaire édicté par les autorités de suivi de la pandémie de coronavirus en Algérie, toutes les mesures étaient au rendez-vous. Disponibilité des bavettes et du gel hydroalcoolique et usage d'appareil de mesure de température à infrarouge sont perceptibles. Autant dire aussi que la mobilisation de tout le personnel des écoles pour l'application des mesures de distanciation physique était irréprochable pour le premier jour de la rentrée. Des agents de police veillent à disperser les rassemblements devant les portails. Il est vrai que les parents d'élèves étaient fort nombreux en ce premier jour de la rentrée 2020-2021. Ce qui peut expliquer les inquiétudes des parents dans un contexte sanitaire particulier marqué par la nouvelle hausse des contaminations enregistrée ces derniers jours, c'est que tous les chérubins étaient protégés par des bavettes. Au niveau des écoles visitées hier à Alger-Centre, dans l'ensemble, le personnel témoigne de la réussite de la rentrée attendue depuis le 4 octobre dernier, eu égard à la mise à leur disposition de toutes les conditions d'accueil des élèves. « L'APC nous a dotés de tous les moyens de préservation contre la contamination au Covid-19», affirme la directrice de l'école Ibn-Ennas, à proximité de la place du 1er-Mai. Il est vrai que dès l'accès du portail, les bavettes et le gel hydroalcoolique sont mis à la disposition des élèves du primaire. L'agent veille à prendre la température de tous les élèves avant de les autoriser à gagner la cour de l'établissement. Ce dernier nous fait savoir que les bavettes dépassent à l'occasion les besoins. Renseignement pris, tous les élèves étaient munis de masque de protection contre le Covid-19. Le même interlocuteur nous informe que seule une dizaine a été distribuée. Alors qu'un peu plus loin, un autre établissement n'a fait usage que d'une seule bavette. Sur le plan psychologique, la rentrée d'hier a été jugée inédite. Selon les témoignages des parents d'élèves, c'est la peur qui a marqué l'événement. Et pour preuve, les parents qui ont conduit leurs enfants le matin à 8h ont veillé à s'assurer de leur accès à l'école, et à 11h 30, ils sont revenus pour s'approcher de plus près du portail afin de repérer leur progéniture. Un parent, dont l'enfant est inscrit en première année, ne cache pas ses appréhensions. «À mon sens, il aurait fallu annuler carrément la rentrée afin de dissiper toutes les craintes», déclare-t-il. Et d'avouer : « J'ai vraiment peur pour la santé de mon enfant », car « le virus est partout ». Questionné sur le même sujet, un autre interlocuteur, paraissant sûr de lui, nous avoue que tant que la pandémie est toujours là, les autorités auraient dû temporiser ou reporter carrément la rentrée. «Il s'agit de la santé de nos enfants avant tout», lâche-t-il, enfin. À 15 minutes de la sortie, une maman pointée en face du portail de l'école Aïssiou à Belouizdad ne cache pas, elle aussi, ses inquiétudes, et adopte le même discours que les autres parents. « Je ne suis pas du tout à l'aise, car la présente rentrée ne s'apparente guère aux précédentes », réplique-t-elle. Et de poursuivre : «Je suis très inquiète d'une contamination de mes enfants .» Et parlant de ses enfants, elle dira que «contrairement aux rentrées précédentes, ils n'ont pas été chauds pour rejoindre les bancs d'école». Les classes sont scindées en deux groupes, et la distanciation sociale est de mise. Et de ce fait, les élèves ne rejoignent pas l'école tous les jours de la semaine. C'est dans ce sens qu'un parent affirme que «les élèves sont démotivés par le fait que leur présence en classe soit entrecoupée». Mais pour le directeur de l'école visitée, il faudrait bien que la rentrée ait lieu. Et d'ajouter qu'il faudrait bien commencer à ce rythme tout en espérant que la situation pandémique s'améliore en Algérie. Enfin, il paraît bien que le premier cours a porté sur l'épidémie de coronavirus, ce sont les bambins qui le rapportaient à leurs parents sur le chemin du retour. A. B.