Plus de deux mois se sont écoulés depuis le dépôt du premier dossier de demande d'agrément pour l'exercice de l'activité automobile en Algérie. Et il y a également plus d'un mois et demi que la plateforme numérique pour l'enregistrement et la gestion de ces dossiers a été créée auprès du ministère de l'Industrie. Les nombreux candidats ayant postulé sont toujours en attente d'une suite à leur démarche. Dans le but de maintenir une communication officielle autour de ce sujet qui suscite l'intérêt de l'opinion publique, le ministre de l'Industrie, Ferhat Aït Ali, au cours d'une visite effectuée le 6 octobre dernier à Tizi-Ouzou, avait donné le chiffre de 133 demandes d'agréments déjà enregistrées par ses services, tout en précisant qu'elles seront «toutes étudiées et les opérateurs auront une réponse dans un délai de 30 jours». Une affirmation qui arrive en application des dispositions contenues dans les nouveaux cahiers des charges liés aussi bien à l'activité de concessionnaires que la fabrication de véhicules, et qui stipulent clairement que «l'agrément définitif est accordé par le ministre chargé de l'Industrie dans un délai de trente (30) jours, à compter de la date de délivrance du récépissé de dépôt après avis du comité interministériel». Non-respect des engagements ? Or, on constate aujourd'hui que ce délai est largement dépassé et que le département de l'Industrie se retrouve en porte-à-faux par rapport à ses propres engagements. Pour l'heure, aucune explication n'est fournie aux intéressés, encore moins à la population qui suit de près l'évolution de ce dossier. Des indiscrétions font ressortir que l'une des raisons de ce retard dans la prise en charge des dossiers déposés serait la non-constitution du fameux comité technique interministériel. Prévu par les cahiers des charges, ce comité est composé de représentants du ministère de l'Industrie, du ministère des Mines, du ministère des Finances et du ministère du Commerce. Dans le même décret exécutif, paru le 19 août 2020, il est tout aussi clairement précisé les missions attribuées à cette structure, notamment, « examiner les dossiers de demande d'autorisations provisoires et d'agréments définitifs, émettre un avis à l'attention du ministre chargé de l'Industrie sur les demandes des postulants au présent dispositif, relatives à l'agrément définitif, sur des dossiers présentés, veiller au respect des engagements pris par les concessionnaires au titre du cahier des charges, veiller au respect des dispositions du présent décret, émettre un avis sur le retrait et les suspensions des agréments attribués dans le cadre du présent décret ». Les raisons de la non-constitution de ce comité technique seraient l'exigence par les membres proposés pour y siéger d'une garantie pour ne pas être inquiétés par la justice et de finir, le cas échéant, derrière les barreaux, comme c'est le cas présentement pour quelques membres de l'ancien comité institué par Bouchouareb.
2020, une année blanche Une situation kafkaïenne que subit péniblement le citoyen, condamné, encore une fois, à assumer les errements d'une non-gouvernance. Un marché de l'automobile complètement déstructuré des suites d'une parodie d'industrie de montage, deux exercices sans disponibilités de véhicules neufs et sans importations, une demande à la croissance exponentielle et un marché de l'occasion qui reprend du poil de la bête, comme au temps des grandes pénuries, où le véhicule d'occasion coûtait bien plus cher que le neuf. Et on n'oubliera pas d'ajouter la convergence d'un phénomène exogène qui est venu rendre ce contexte encore plus complexe, à savoir le coronavirus, avec une paralysie des transports en commun. Dans l'attente d'une fumée blanche du haut de l'immeuble Bougara, siège du ministère de l'Industrie, il reste à espérer que le dénouement puisse intervenir, tout au moins durant le premier trimestre 2021, et que le citoyen pourrait, enfin, déambuler allègrement dans des showrooms bien garnis, en quête de la voiture de ses rêves et d'une solution à ses besoins de mobilité. B. Bellil