Les avocats de l'homme d'affaires Mahieddine Tahkout, dont le procès en appel a duré près de deux semaines à la cour d'Alger, ont contesté les chefs d'inculpation liés à la corruption, au blanchiment d'argent et à l'obtention d'indus privilèges, pour lesquels leur client est poursuivi avec des membres de sa famille et plusieurs autres anciens hauts responsables du pays. Le verdict dans l'affaire sera rendu ce 18 novembre. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - La défense de Tahkout a demandé son acquittement pur et simple en rejetant toutes les accusations à son encontre, alors qu'en première instance, le tribunal de Sidi-M'hamed l'avait condamné à une lourde peine de 16 ans de prison ferme et une amende de 8 000 000 DA ainsi que la confiscation de tous ses biens à intérieur et à l'extérieur du pays. Lors de ce procès en appel, le procureur général avait requis 18 ans de prison ferme à son encontre et demandé la même amende et confiscation de ses biens. Mais la défense du principal accusé dans ce dossier dit de montage automobile soutient qu'il est innocent et qu'il est victime d'un règlement de comptes politique dans le sillage du mouvement populaire du 22 février 2019. Jeudi, en poursuivant les plaidoiries, Me Agouni a plaidé pour la relaxe de son client et la levée de la mesure relative à la saisie de ses biens, affirmant que le principal accusé n'avait aucun bien à l'étranger, réfutant ainsi les affirmations du procureur général dans ce sens. « Mahieddine Tahkout n'a ni avion personnel ni aucun bien à l'étranger », a-t-il lancé, affirmant que le patron du groupe TMC a mené tous ses projets dans le respect de la réglementation. Evoquant le dossier de montage automobile, l'avocat a d'abord rappelé que Tahkout était concessionnaire depuis 2009, avant d'aborder le contexte dans lequel l'Algérie allait lancer l'industrie automobile. « L'Algérie importait près de 6 milliards de dollars de véhicules par an et il fallait réduire la facture d'importation. Il n'y avait ni piston ni préférence dans le dossier de Tahkout. Suzuki était en revanche victime », a soutenu Me Agouni. En marge de sa plaidoirie, ce dernier nous a affirmé que le procès en appel s'est déroulé dans de « bonnes conditions », y compris pour les accusés qui l'ont suivi par visioconférence, à savoir Tahkout Mahieddine à partir de Babar (Khenchela) et Ahmed Ouyahia à partir de Abadla (Béchar) où ils sont détenus. Selon lui, la fraude fiscale n'a jamais existé dans les affaires de son mandant, estimant que le dossier du montage automobile n'est pas aussi dangereux qu'on le faisait entendre. Pour le retard dans l'accomplissement du taux d'intégration dans le montage, Me Agouni a expliqué que le délai de cette intégration court jusqu'à ce mois de novembre 2020 alors que Tahkout est en prison depuis 18 mois. « Un temps perdu pour l'intégration », a-t-il dit. Un autre avocat du même accusé a soutenu que Tahkout a été poursuivi sur la base d'une lettre anonyme, avec la complicité de l'ancien commandant de la Gendarmerie nationale, Ghali Beleksir. Lors du procès en appel de Tahkout, les avocats de la défense ont tenté de prouver l'innocence des accusés qui risquent de lourdes peines d'emprisonnement. Que ce soit pour les usines de montage automobile, les contrats de concession de terrains de milliers d'hectares, les contrats dans le cadre du transport universitaire et du transport urbain ou bien pour les autres projets industriels et touristiques, les avocats ont affirmé que leurs clients ont agi dans la légalité. Comme ils ont affirmé que les accusés n'ont pas de biens à l'étranger. Des plaidoiries que le procureur général n'a pas partagées en prononçant un sévère réquisitoire contre eux après avoir affirmé leur culpabilité et établi les pertes subies par l'Etat. Le représentant du parquet avait requis une peine de 18 années de prison ferme à l'encontre de l'homme d'affaires Mahieddine Tahkout, assortie d'une amende de 8 millions de dinars et la confiscation de tous ses biens à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Il a demandé une peine de 12 années de prison ferme à l'encontre des ex-Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, et une amende de 3 millions de dinars chacun. Le procureur général a également requis une peine de 10 ans de prison à l'encontre des trois anciens ministres poursuivis dans la même affaire, à savoir Youcef Yousfi, Amar Ghoul et Abdelghani Zaâlane qui risquent 10 ans de prison ferme et 1 million de dinars d'amende chacun. Le procureur général a requis également de lourdes peines contre les membres de la famille Tahkout, à savoir Rachid, Hamid, Nacer et Bilal. Il a demandé 8 ans de prison ferme à leur encontre, une amende de 8 millions de dinars contre chacun et la confiscation des biens des accusés. Il a requis une peine de 6 ans de prison ferme contre l'ancien wali de Skikda, Faouzi Belhocine, et une peine de 3 ans de prison ferme à l'encontre des cadres du ministère de l'Industrie, Abdelkrim Mustapha et Terra Amine, et l'ancien directeur des Domaines de la wilaya d'Alger, Salah Boualleg. Une peine de 2 ans de prison ferme assortie d'un million de DA a été requise à l'encontre des autres accusés. Le procureur général a requis, en outre, une amende de 32 millions de dinars à l'encontre des personnes morales, avec saisie de tous les biens à l'intérieur et à l'extérieur du pays et la confiscation des comptes bancaires. Pour sa part, le représentant du Trésor public, Me Zakaria Dahlouk, a réclamé 309 milliards de dinars à Mahieddine Tahkout et sa famille, à titre de dommages et intérêts. K. A.