Le secteur du livre, déjà en crise en temps normal, subit de plein fouet les effets de l'épidémie. Depuis le lancement des mesures sanitaires en mars dernier, éditeurs et libraires sont quasiment asphyxiés et tentent, tant bien que mal, de garder le cap. Depuis le début de la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19, le livre vit l'une des pires périodes de déclin de son histoire en Algérie. Ralentissement d'une chaîne déjà mal en point, raréfaction des nouvelles publications, baisse des ventes et, pour couronner le tout, annulation des événements livresques, notamment le Sila, qui aidaient naguère les éditeurs à écouler leurs stocks... Autant de facteurs qui mettent aujourd'hui les professionnels du secteur dans un désarroi financier et moral. Pour éponger les pertes et maintenir leurs activités à flots, éditeurs et libraires tentent de collaborer dans le cadre d'opérations commerciales attrayantes à même d'attirer le plus grand nombre. Les éditions Barzakh étaient les premiers à entreprendre ce genre d'initiatives en organisant, depuis le 24 octobre, une braderie du livre au niveau de leur librairie l'Arbre à dires, située à Sidi Yahia, ainsi que dans d'autres points de vente. Des réductions alléchantes sont ainsi proposées aux lecteurs, allant jusqu'à 50% du prix initial pour une cinquantaine d'ouvrages, majoritairement récents. Prévue du 15 au 31 octobre, la braderie a été prolongée jusqu'à épuisement des titres concernés par la réduction. Citons, entre autres, Les nuits de Strasbourg et Oran, langue morte de Assia Djebar à 300 DA au lieu de 850DA ; Boussole de Mathias Enard (prix Goncourt 2015) à 400 DA au lieu de 900 DA ; le beau livre 1990-1995 : Chroniques photographiques de Ammar Bouras à 1 200 DA au lieu de 2 800 DA, etc. Six librairies sont concernées par cette braderie, à savoir : Book Zone à Constantine, Cheikh à Tizi-Ouzou, L'Arbre à dires à Sidi Yahia, Mauguin à Blida, Centre El Amal à Mascara et l'Association Bel Horizon à Oran. Les éditions Koukou viennent de se joindre à cette opération. Son directeur Arezki Aït Larbi l'a, en effet, annoncé samedi dans un communiqué. Il réagit ainsi à ce qu'il appelle «l'agonie de la filière du livre» et explique, par ailleurs, que son distributeur Hadj Benzekour est décédé récemment du Covid-19. Et d'ajouter : «Editeurs, libraires, distributeurs et imprimeurs attendent un geste des autorités, qui multiplient les promesses, pour l'instant sans suite. Sans soutien ni subventions depuis sa création, Koukou Editions tente de s'adapter à la nouvelle situation. Depuis juillet 2020, quelques ouvrages de notre catalogue sont accessibles aux lecteurs de l'étranger, notamment ceux de France et du Canada, via Amazon, la plateforme de vente par correspondance. D'autres titres le seront prochainement. Dans ce climat de sinistrose, des acteurs culturels, qui refusent la fatalité de la résignation, explorent de nouvelles pistes pour garder la tête hors de l'eau. Comme celle initiée par Omar Cheikh, libraire à Tizi-Ouzou, et inaugurée, fin octobre, par les éditions Barzakh : des livres de grande qualité, d'auteurs de renom, sont proposés à prix cassés. En coordination avec M. Omar Cheikh, Koukou Editions a décidé de participer à cette opération citoyenne. Le ‘'Koukou fait son Sila 2020'' se déroulera du 14 au 24 novembre 2020, simultanément dans plusieurs librairies d'Alger, de Tizi-Ouzou et de Bgayet. Il s'étendra à d'autres villes, selon la demande. Vingt titres du catalogue édités avant 2020 seront cédés avec des réductions exceptionnelles, comprises entre 50 et 70% du prix normal.» S. H.