La vaste campagne de reboisement qui sera lancée aujourd'hui à l'échelle nationale se veut, selon le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, une riposte aux personnes qui ont déclenché délibérément des incendies dans plusieurs wilayas, assurant que les individus qui sont derrière ces méfaits risquent gros et encourent de lourdes condamnations. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Invité jeudi dernier à s'exprimer à la Radio nationale sur ces malheureux événements, Abdelhamid Hamdani prévient que les auteurs de ces incendies «sont exposés à de lourdes peines». D'autant plus que ces feux de forêt ont entraîné deux morts. « La loi sera appliquée avec fermeté contre ces personnes », a-t-il menacé. Il rappelle, à cet effet, qu'après avoir constaté ces actes, des enquêtes ont rapidement été diligentées par l'Etat pour mettre la main sur ces individus, garantissant que «les sanctions seront à la hauteur de leurs agissements». Il soutient que cette campagne de reboisement fera office de «réponse à ce comportement irresponsable et criminel». Il souhaite, par conséquent, que les citoyens se mobilisent en force pour faire de cette journée une «action citoyenne» contre la destruction de la flore, et de ce qui relève du «patrimoine national». L'autre volet commenté par l'intervenant concerne la production des semences et de plants, dont la majorité, faut-il le rappeler, est importée des marchés étrangers. Etat de fait qui fragilise de manière importante la sécurité alimentaire du pays. Abdelhamid Hamdani rappelle, à ce sujet, que «la stratégie du secteur repose sur une feuille de route présentée le 26 juillet dernier en Conseil des ministres et s'articule principalement sur la sécurité alimentaire, le développement des filières stratégiques à l'exemple du blé tendre et des huiles qui constituent l'essentiel des importations en produits alimentaires et, enfin, l'encouragement de l'investissement». Il relèvera, au préalable, que l'Algérie n'importe pas de semences céréalières «qui sont principalement produites au niveau national». Il fait savoir que pour ce qui est du blé dur, l'Algérie «assure une production nationale à hauteur de 80%», atteignant quelquefois les 90%, affirme-t-il. Abdelhamid Hamdani explique, en revanche, qu'en matière de blé tendre, il est bien connu qu'on importe beaucoup. «C'est le modèle de consommation des Algériens qui nous l'exige aujourd'hui», signale-t-il. L'intervenant avance dans ce contexte que nous comptons plusieurs unités de transformation soit près de 400 minoteries. Il indique dans sa lancée que la feuille de route tracée par son département «se focalise aujourd'hui sur ce qui est dépensé en matière de produits soutenus par l'Etat.» Il précise, néanmoins, que le problème ne concerne pas les coûts des produits subventionnés en faveur des citoyens à l'instar du lait et du pain. Et pour cause, «elle rentre dans le cadre d'une politique sociale. Elle est, par conséquent, irréversible». La problématique se pose par contre lorsque le blé tendre et la farine sont destinés au cheptel et autres produits à forte valeur ajoutée. Il fera d'ailleurs savoir qu'un dossier a été ouvert par le ministère du Commerce uniquement pour traiter cet aspect. Celui-ci prévoit la mise en place d'un dispositif de contrôle et de suivi, dans le but de réussir à baisser ces subventions d'au moins deux millions de tonnes sur une période de deux ans, sans pour autant toucher aux produits subventionnés pour le citoyen. Pour atteindre cet objectif, il est certes important de mettre en route des outils de contrôle. Cela dit, estime Abdelhamid Hamdani, si cette idée est dans son principe « salutaire», elle risque de déséquilibrer le marché si elle venait à être appliquée tout de suite. L'invité de l'émission insiste dans la foulée qu'avant de mettre en œuvre ces mécanismes, il faut d'abord se pencher sur l'axe de l'investissement structurant. Il a relevé que le principal défi consistera à organiser l'investissement en «débureaucratisant l'acte économique». Il rappelle à ce titre, la mission de l'Office de développement de l'agriculture saharienne récemment créé, qui facilitera, selon lui, «le parcours des investisseurs en leur épargnant les lourdeurs bureaucratiques à travers un guichet unique». Ce guichet s'occupe uniquement de l'acte d'investissement en assurant l'accompagnement, le contrôle, le suivi et l'évaluation des opérations d'investissements, a-t-il expliqué. À propos du développement du secteur agricole, Abdelhamid Hamdani rappelle qu'il participe à l'économie nationale, en termes de production, avec une proportion de 12% du Produit intérieur brut (PIB). Il note, en outre, que «notre valeur de production dépasse les 25 milliards de dollars» et que son département ambitionne de dépasser les 30 milliards de dollars sur le moyen terme. L'objectif est de réduire à tout prix la facture des importations, appuie-t-il. M. Z.